Modigliani
5.9
Modigliani

Film de Mick Davis (2004)

Mon avis: A l'époque de sa sortie,la presse s'était employé à décrier le film jugé contestable et subjectif.Une fois n'est pas coutume,ils avaient tord.Parce que dans l'invraisemblance j'y ai vu de la beauté,dans la fantaisie du personnage de Modigliani j'y ai vu un Andy Garcia au sommet de son art,dans l' incrédulité j'y ai vu une œuvre poignante servie par une musique majestueuse.Impossible de rester insensible au jeu magistral d'Andy,on ne peut que regretter de ne pas le voir aussi souvent au cinéma.Modigliani est un personnage complexe,insaisissable qui semble aimer autant la vie que la détruire.Il s'emploie avec un telle force dans la création,dans la peinture et d'une certaine façon dans la vie mais d'un autre côté,il s'abandonne avec destruction dans l'alcool et la drogue.Si Freud avait eu l'honneur de traiter le cas Modigliani,il aurait surement dit de ce dernier avait attrait à deux personnalités sans cesse en combat.L'une sobre,insouciante qui jouissait de la vie et de la peinture,l'autre l'alcoolique.Ses deux personnalités sont en perpétuelle opposition mais la deuxième prend souvent le dessus.Elle est la manifestation même d'une vie misérable et maladive depuis l'enfance qui l'empêchent de subvenir à ses besoins,à ceux de sa famille et donc l'empêche de se considérer comme un homme.D'une certaine manière,on peut considérer Modigliani comme quelqu'un de machiste,on le voit bien lorsqu'il refuse que Jeanne accepte de l'argent de sa mère ou encore lorsqu'elle envisage de travailler.S'ajoute également le racisme dont il est la victime notamment avec le père de Jeanne qu'il lui reproche d'être tout simplement juif.Son obsession de la peinture accrédite ce point de vue selon lequel il pense n'être ni un bon père, ni un bon mari ni un homme bon-et il le dit plusieurs fois à Jeanne-la seule chose qu'il sait faire,c'est peindre.

Dans le film,le contexte de première guerre est également important et influence énormément le milieu intellectuel de Modigliani et ses amis.Le spectateur est plongé dans les Années Folles direction Montparnasse où l'heure est à la création,à la fête et à l'émulation.Dans cet oubli éphémère et volontaire de la guerre,on assiste à une véritable « récréation » où alcool et opium circulent à flot.On remarque les profondes mutations sociales politiques et culturelles que subissent Modigliani,Cocteau,Soutine et bien d'autres.Cette soumission s'exprime à la fois dans leur art,dans leur comportement auto destructeur et décadent ,une sorte de pied de nez à cette guerre.Je pense particulièrement à une scène qui m' a profondément amusée,celle pour l'anniversaire de Max Jacobs qui souffle ses bougies sur les fesses de son jeune amant.On est les témoins d'un profond changement intellectuel(le cubisme,début du surréalisme),d'une libération des mœurs(homosexualité).

Une des forces aussi de ce film est bien entendu l'histoire d'amour entre Jeanne et Modigliani.Ils se rencontrent à l'école de Paris et tombent fous amoureux l'un de l'autre.Modigliani l'a met en garde mais elle résiste.Décrié par son beau père,Modigliani décide de sa battre pour sa famille et de participer au concours.Jeanne y voit la promesse d'un avenir radieux mais à la dernière minute,les vieux démons de Modigliani lui reprennent.Une scène marquante me revient à la mémoire,c'est lorsqu'il s'éteint à l'hôpital auprès de ses amis et de Jeanne.A ce moment,le personnage de Jeanne se fissure peu à peu et on la voit déambuler ensanglantée tel un zombie dans les couloirs de l'hôpital.Cette dernière(qui ne sait pas qu'elle est officiellement la femme de Modigliani)se suicide en se jetant d'une fenêtre du 5eme étage alors qu'elle est enceinte de neuf mois.Et là(désolé du mauvais jeu de mot)elle crève l'écran parce qu'à la fois,on la voit dans toute sa détresse et faiblesse mais aussi décidée,résolue alors que sa petite fille dort paisiblement dans son berceau à coté.Cette histoire d'amour est digne d'un Shakespeare:un amour désapprouvé qui trouve sa fin dans le tragique.

Entre biopic et fiction,Modigliani nous hante par son coté fataliste et dramatique.Ce film retrace la vie de ce peinte au talent incontestable,qui décrié de son vivant fut applaudi après sa mort.Du reste,le film ne fait que confirmer ce que nous savions déjà,à savoir que Andy Garcia est un acteur au talent indéniable.

« Quand je connaitrai ton âme,je peindrai tes yeux »(Modigliani à Jeanne dans Modigliani)
Missbale974
7
Écrit par

Créée

le 20 janv. 2011

Critique lue 2.1K fois

3 j'aime

1 commentaire

Missbale974

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

3
1

D'autres avis sur Modigliani

Modigliani
YgorParizel
4

Critique de Modigliani par Ygor Parizel

Ce biopic sur le peintre Amedeo Modigliani n'est pas un hommage aux talents de l'artiste tant c'est raté. Américanisation, anachronismes, incohérences, liberté avec la vérité historique voir...

le 12 avr. 2017

1 j'aime

2

Du même critique

Forever Young
Missbale974
8

Critique de Forever Young par Missbale974

Forever Young est un "petit" film sans prétention,le genre de film qu'on ne voit hélas plus et qui pourtant,conserve un charme intemporel quelque soit l'époque où on le regarde.Mel Gibson est comme à...

le 23 oct. 2011

9 j'aime

Le Talisman - Outlander, tome 2
Missbale974
6

Non mais oui

Je pensais retrouver Claire et Jamie au cœur d’intrigues politiques, de complots à Versailles. Il n’en est rien ou presque. Dommage! Pourtant, cela avait bien commencer avec le changement de...

le 26 sept. 2016

7 j'aime

The Affair
Missbale974
4

SPOILERS

The Affair est une série qu’on ne présente plus aussi bien sur la blogosphère que dans la presse. Et s’il vous fallait une preuve de ce que j’avance, la série a déjà remporté deux Golden Globes...

le 25 janv. 2016

7 j'aime

5