Quand Dolan brosse dans le sens du poil

Comment réellement juger ce film sans tomber dans la critique facile ou dans l’ovation qui ne veut rien dire ? Sans aucun doute, Mommy souffre de sa popularité car il semble élaboré pour brosser dans le sens du poil et à la fois sortir des sentiers battus. Différent des autres, Mommy l’est indubitablement de part déjà son format carré, qui en soit ne choque pas tellement l’œil mais reste intéressant dans la démarche, forçant le jeune réalisateur à sans cesse garder l’action centrée, au cœur de l’image. Une bonne idée en soit donc car la dimension documentaire du film nous éclatera en plein visage, avant que Dolan ne vienne jouer avec le cadre et ouvrir le format. Vous l’avez compris, Mommy innove, il se démarque… et c’est là la plus grande réussite et la plus belle arnaque de Dolan. Le nouveau film du jeune réalisateur est le représentant même de cette mode actuelle d’à tout prix vouloir faire comme les grands, de vouloir se démarquer, montrer son talent ; en somme Dolan nous dis ici : « Regardez-moi, regardez-moi ! ».

Comprenons-nous bien, nous ne sommes pas ici pour simplement descendre le jeune réalisateur, mais Mommy sent tellement l’ambition démesurée, et la déception est telle qu’on ne peut décemment pas laisser passer ce critère. Xavier Dolan nous sert ici un film rodé pour le plus grand nombre, à la fois le spectateur facilement influençable comme le critique recherchant sa nouvelle idole. Mommy est tout sauf un film d’auteur car il n’émet jamais de jugement sur son sujet. Narrant le récit difficile d’une mère et de son fils perturbé, le jeune homme nous sert des portraits certes humains, mais inintéressants de part le côté quelque peu débilitants de ses personnages. Pire, il se complaît dans ces portraits immatures, pensant nous offrir quelque chose de neuf, de marquant. Malgré quelques bonnes idées visuelles – le film est d’ailleurs joliment coloré – et des répliques qui font mouche, l’on ne peut ressentir quoi que ce soit pour des personnages aussi déboussolés, qui en font toujours trop, notamment Antoine-Olivier Pilon, insupportable.

Cliché et facile, le film de Xavier Dolan ne sait jamais trop où il va, servant des scènes de vie efficaces pour ensuite les briser avec des moments dramatiques mal amenés. On comprend donc difficilement comment ce projet à pu rencontrer autant de succès si ce n’est grâce aux critiques qui n’ont pas su faire preuve de discernement. On sent ici que Dolan veut à tout prix faire parti des grands, nous montrer que oui, il est un petit génie, mais ce n’est pas le cas. Immature et peu subtil, il pense nous impressionner en jouant avec les règles basiques du cinéma, chose que tout le monde a fait de manière plus subtile par le passé. En somme, une déception aussi grande que l’ambition commerciale qu’elle affiche, maniériste et faussement naturaliste, mais que personne n’osera critiquer.

Par Florian
Neocritics
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le 7 oct. 2014

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