Qu'on aime ou qu'on n'aime pas Xavier Dolan, on doit lui reconnaître que ses films ne laissent pas indifférents et MOMMY ne fait pas exception à la règle. On retrouve les thèmes fétiches de celui qui est présenté comme "Le jeune prodige canadien" à savoir l'amour sous toutes ses formes et les rapports familiaux.

Comme si sa filmographie était une boucle, Xavier se replonge dans les difficiles rapports Mère/Fils - 5 ans après son premier long J'AI TUE MA MERE. On va ainsi vivre pendant 2h avec Diana "Die" et son fils Steve "O". Ce dernier souffre de troubles du comportement. Après avoir été dans un centre, sa mère vient le chercher afin de s'occuper de lui.

Si pendant les 10 premières minutes, on peut se dire que Die est une mère indigne - qui aurait préféré abandonner son fils plutôt que l'élever- ce sentiment est balayé par l'entretien avec l'assistante sociale et cette phrase qui s'adresse autant à l'assistante qu'aux spectateurs (aux haters ?) : "Les sceptiques seront confondus".

S'en suit un enchainement de situations tantôt tragiques tantôt comiques avec l'apparition de la voisine d'en face qui a un défaut d'élocution et veut aider Steve et Die tout en s'aidant elle-même. On notera la scène de la danse sur le trésor national canadien ou celle plus dramatique de la première crise montrée à l'écran. L'ensemble semble dès le départ se diriger vers une issue prévisible qu'on aimerait impossible à atteindre.

Ce qui fait le point fort du film est la forme - chose caractéristique de Dolan. Tout est pensé, étudié, l'ensemble formant un ensemble. Le film se déroule en 2015 mais semble être tout droit sorti des années 90. Cette impression est renforcé par la BO, les véhicules, les vêtements et même les cellulaires - comme si la bourgade était restée coincée en 1990. Ce sentiment de blocage est renforcé par la phrase du voisin de Die disant être resté en 1982.

La photographie est l'un des points forts du film. Tout se déroule dans un schéma d'ombres et de lumières. L'un des éléments marquants est le fait qu'à chaque scène ou Die porte son collier MOMMY, celui-ci soit visible en permanence comme pour mieux nous rappeler le film, son contenu et sa présence.

Les looks sont également travaillés. Die semble bloquée dans les années 1990, Steve apparaît comme un sosie d'Eminem et son attitude s'en approche. Enfin Kyla -la voisine- a le look casual d'une mère de famille.

Avec son cinquième film, Xavier Dolan a voulu prouver qu'il avait su faire évoluer son style tout en gardant son ADN de réalisateur et le pari est réussi haut la main tant on ressort chamboulé de ce MOMMY.
Valentin_Segpa
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le 9 oct. 2014

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Robert DuGland

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