Alors c’est marrant, mais au bout de deux minutes de ce « Mon Roi », je me suis demandé ce que j’étais venu faire face à ce film.
Long-métrage minimaliste à la française, épuré, parti pour explorer les trémolos et les vagues à l’âme de la petite bourgeoisie : aïe !
Je ne suis clairement pas le public à qui ce genre de film s’adresse.
Alors oui, dès la deuxième minute – et pendant un bon quart d’heure – je me suis mis à ressasser cette question sans cesse dans ma tête…
Et cela jusqu’à ce que les réponses s’imposent d’elles-mêmes.


Tout d’abord, il y a la plus évidente d’entre elles. Monsieur Vincent Cassel.
Cet acteur, je fais plus que l’adorer, je le vénère.
Et plus les minutes se sont écoulées, et plus ce gars a littéralement bouffé mon intérêt.
Ce n’est pas compliqué : ce film, c’est Cassel qui le porte quasiment à lui tout seul.


Su début jusqu'à la fin, son personnage passe par toutes les phases et se retrouve à devoir arborer tous les visages.
Or, sur moi, chaque visage à marché.
Il a su me séduire au premier regard de la même manière qu’il a su, sur certains instants, m’effrayer, m’écœurer, me reconquérir.
Ça se portait littéralement sur sa tronche.
Je ne sais pas si ce gars fait le même effet sur tout le monde, mais moi, il me fait vibrer comme nulle autre.
Cet acteur est fantastique et – rien que pour lui – j’ai été content de voir ce film jusqu’au bout.


Mais à tout seigneur tout honneur, il faut quand même bien reconnaitre aussi que si le roi trône aussi bien sur ce film, c’est aussi parce que Maïwenn a construit tout son royaume autour de sa figure souveraine.
Chaque plan, chaque ligne de texte est là pour glorifier Cassel, pour le faire rayonner de mille feux…
Et même si en fin de compte les préoccupations de Maïwenn ne m’ont parlé que très peu dans ce film, je me dois au moins de lui reconnaitre ce que je lui ai toujours reconnu : cette réalisatrice fait quand même ses films avec une certaine sincérité ; de même qu’elle se risque parfois à des tentatives d’esthète qui ne sont pas pour me déplaire (en France, c’est rare alors je prends.).


J’enragerais même presque de ne pas être son public à cette Maïwenn !
Parce que l'air de rien, il y a presque dans ce film une démarche pratiquement pédago par laquelle le film parvient à désosser et à identifier pour tout à chacun le fonctionnement d’un pervers narcissique.
Je suis même persuadé que, pour peu qu’on ait un vécu en lien avec ce genre d’histoire, « Mon roi » peut susciter beaucoup d’émotions, voire presque des révélations.


Seulement voilà – encore une fois – moi ce genre d’histoire pourrait me parler si encore on se décidait à en parler autrement.
Deux heures de cinéma essentiellement posées sur le ton du constat, ne cherchant jamais à s’éloigner du simple terre-à-terre pour être en mesure de toucher à une certaine universalité, moi ça ne me suffit pas pour me faire décoller.
Et lorsqu’en plus de cela, Maïwenn me ressort ses discussions stéréotypées pour faire son militantisme bobo bas-du-front, moi ça ne m’aide clairement pas pour rentrer dans le film.


(Parce que oui, franchement : quel intérêt et quel lien avec l’histoire de foutre dans les épisodes de rééducation toute la compagnie de Norman et de ses jeunes potes ? Si encore un lien était fait par rapport à la logique de reconstruction du personnage de Tonie, mais ce n’est même pas le cas. Ces scènes n’existent seulement que pour célébrer et promouvoir la beauté idyllique du mélange des générations et de la France black-blanc-beur. Alors je n’ai rien contre les idées défendues, mais par contre les stéréotypes surfaits et totalement idéalisés, moi ça tue un film, surtout quand ledit film pouvait largement s’en dispenser.)


...
Ah ça ! Si seulement un jour Maïween se risquait à tendre vers un propos qui transcende un peu les réalités terre-à-terre !
Si elle poussait encore plus loin ses tentatives de narration par le langage par le cadre, la musique ou le montage !
...Alors là, oui sûrement il y aurait-il moyen que je sois un jour touché par la grâce.


En attendant, au moins Maïwenn est-elle capable de faire des films honnêtes et qui disposent d’une sensibilité.
Ce n’est pas négligeable.
Félicitons là pour ça…

Créée

le 22 sept. 2017

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