Sur le fond, "Mon Roi" repose sur une histoire assez banale : un couple qui s'aime passionément puis se déchire lorsqu'arrive le moment de vivre ensemble et de construire un foyer. Pour autant, à l'instar de Polisse, Maïwenn prouve une nouvelle fois sa faculté à diriger magistralement ses acteurs et à saisir sans filtre leurs émotions. Passant par le prisme de la réalisatrice, une histoire classique devient un film nous montrant toute la brutalité, la sensualité d'un amour qui passionne autant qu'il déchire. La lecture de l'amour donnée par Maïwenn nous montre a quel point ce sentiment peut agir comme un miroir déformant de l'être aimé. Tony (Emmanuelle Bercot) aime Georgio (Vincent Cassel) tout en sachant qu'il est néfaste à son bonheur : c'est sur ce postulat que repose le film, à savoir que l'amour n'est pas toujours la condition première au bonheur.
La performance d'Emmanuelle Bercot est époustouflante et mérite donc amplement son prix au Festival de Cannes. Son interprétation est saisissante de réalisme, de sincérité et d'implication. Mention spéciale également aux seconds rôles comme Louis Garrel (très drôle en frère cynique et protecteur) mais aussi la surprise de voir Norman Thavaud (qui veut probablement contre balancer sur son CV le nanar "Pas Très Normales Activités"). Seul bémol : Vincent Cassel. Je l'ai beaucoup aimé dans Mesrine pour lequel je trouvais son interprétation assez juste. Mais ici, on a toujours cette petite sensation qu'il cabotine, qu'il en rajoute et qu'il se regarde jouer, ce qui aboutit à un personnage proche de la caricature.
Au final, même si "Mon Roi" est bien moins marquant que "Polisse", il démontre la faculté de Maïwenn à sublimer le jeu de ses acteurs et une histoire déjà traitée dans de nombreux films.