On a vraiment retrouvé la 7ème compagnie.

Bon... comme il faut quand même dire quelque chose de positif sur un tel film, je dirais juste que la reconstitution semble solide et que l'aspect troufion de base de la troupe a un certain charme.
Mais voilà. Le reste ? Un ratage intégral. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film doté d'un sujet passionnant traité de la pire des manières. Les raisons ?
Des choix narratifs qu'on ne peut imaginer plus inappropriés, le film se dispersant de toute part où chaque binôme évolue de son côté pendant une bonne partie du métrage. La construction du film, aussi aberrante soit-telle, laisse alors place à un rythme que l'on identifie bien vite tant le montage des scènes respire le copié-collé fainéant à plein nez. C'est simple : une scène avez le duo Dujardin-Goodman. Hop, une autre avec Clooney-Leonidas. Et puis vite, Damon-Blanchett, histoire de délocaliser le récit loin du champ de bataille dans d'interminables scènes dialoguées brassant du vent. Et puis tiens, Murray-Balaban (étonnamment le meilleur binôme, drôle de couple mal assorti). Et puis ça repart sur Dujardin-Goodman et puis sur les autres...et ce presque jusqu'à la fin.
Cette construction, destinée à couvrir large car il s'agit là d'un gros film ambitieux, ne laisse place à aucun rebondissement, aucun attachement à quelque caractère qui soit, ni même au sujet si charmeur de l'objet, l'art.
De l'art, vous dites ? Certes, c'est ici l'occasion de contempler, brièvement, mais contempler quand même, quelques oeuvres de maîtres qu'on aurait aimer plus étudiées. Mais non. Et là, en plus de tous les défauts techniques du film (rien de bien original niveau mise en scène) et scénaristiques cités plus haut, c'est le coeur du problème.
"Monuments Men" est un film de potes, fait avec désinvolture, rigolade sans doute. Clooney s'amuse donc avec sa bande mais semble avoir oublié qu'en général, un casting, ça se dirige. Les comédiens n'ont rien à jouer, n'expriment pas grand chose, se contentent de suivre le petit schéma narratif ronflant installé par leur pote acteur/réalisateur. La tentative de camoufler ce quasi total non-jeu (hormis Cate Blanchett et Bob Balaban, indéniablement ceux qui s'en sortent le mieux) est flagrante car un autre élément essaie de guider le spectateur dans ce que les émotions des acteurs n'arrivent à faire ressentir : la musique. Dégoulinante, sortant les violons une fois sur deux pour indiquer qu'il faut pleurer lors de la mort d'un gars du groupe ou applaudir intérieurement devant le noble devoir de mémoire mis laborieusement en place.
Louable est "Monuments Men". Son message sur l'essentialité de la culture mondiale pour faire avancer l'humanité passe sans problème.
Mais les meilleures intentions n'ont jamais fait les meilleurs films. Ou presque.

PS : si ça vous intéresse, le compositeur Alexandre Desplat joue carrément dans le film. En plus de l'overdose de musique, on a même le géniteur. C'est dire.
martinlesteven
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top "Films de 2014"

Créée

le 16 mars 2014

Critique lue 306 fois

3 j'aime

Marty Lost'evon

Écrit par

Critique lue 306 fois

3

D'autres avis sur Monuments Men

Monuments Men
Moorhuhn
3

George Clooney and Matt Damon are inside !

Ma curiosité naturelle, mêlée à un choix de films restreint sur un créneau horaire pas évident et dans un ciné qui ne propose que 10% de sa programmation en VO m'a poussé à voir ce Monuments Men en...

le 12 mars 2014

60 j'aime

7

Monuments Men
Strangelove
2

Place de Clichés.

Le sort l'a décidé, il a fallu que je vois ce film dans un état qui n'est pas le mien généralement. Ce n'est pas contre toi Georges, mais il faut que je démonte ton film, j'ai pas le choix, j'ai...

le 25 mars 2014

59 j'aime

21

Monuments Men
Kalimera
6

Y a comme un manque...

Ce week end, pour l'anniversaire de kogepan, une petite surprise: oh chouette les parents sont là ! (trop contente, dit-elle ) Au programme, balade dans Strasbourg, choucroute, ruine romantique de...

le 24 mars 2014

36 j'aime

13

Du même critique

The Grandmaster
martinlesteven
6

Ombres chinoises.

La vie de Ip Man de 1936 à 1954 et sa rencontre avec Gong Er, fille du grand maître respecté des arts martiaux... "The Grandmaster" a dés le début au moins une qualité inattaquable, la seule vraiment...

le 26 avr. 2013

8 j'aime

Die Hard : Belle journée pour mourir
martinlesteven
3

Baîlle Hard 5 : John Moore ou John McClane ? Être ou ne pas être ? Hmmm... Ne pas être.

John McClane apprend que son fils a été arrêté en Russie après le meurtre d'un homme dans une boîte de nuit. Déterminé à le revoir et si possible le sauver d'une peine de mort certaine, il se rend à...

le 20 févr. 2013

8 j'aime

2