Acteurs-monuments et hommes-sandwiches
Avec un tel casting, un tel budget, difficile d'éviter le formatage blockbuster à l'américaine. Pendant deux heures, on sent les compromis commerciaux que Mister George a dû consentir pour vendre son scénario. Pour un peu, on s'attendrait presque à une pub Nespresso à l'entracte (Hey, Clooney and Damon are inside !), et du coup on ne peut s'empêcher de comparer ces acteurs monumentaux à des hommes-sandwiches. Avec tous les clichés qui vont avec, sur la France (les bérets, le camembert, les croissants et la caution Dujardin) et sur le patriotisme US (la bannière étoilée à l'entrée de la mine pour faire la nique aux Allemands et aux Russes). C'est un peu gênant tout de même...
De l'autre côté, l'idée de départ est intéressante et sincèrement mise en lumière. Oui, notre sex-symbol international est aussi un gars sérieux (voire militant), ici animé d'une noble ambition : celle de défendre le patrimoine culturel contre la barbarie humaine. A cet égard, son oeuvre a le mérite d'exister.
Mais à trop hésiter entre film historique, film de guerre et comédie, difficile de trouver la bonne carburation. Ajoutez-y une pincée de romantisme (cette vague idylle entre Matt Damon et Kate Blanchett...) et on s'y perd complètement. Certes, la légèreté (qui doit beaucoup à Bill Murray) ou le côté 7e Compagnie (jusque dans l'ambiance musicale) s'avèrent plutôt sympathiques, mais bon, en comparaison de l'atrocité des crimes nazis, cela ne pèse pas bien lourd dans la balance.
Au final, on en ressort avec un légitime sentiment de déception, de frustration même. N'aurait-il pas mieux valu en faire un produit moins propre, plus punchy ? Allez, vous reprendrez bien un café. Ou un sandwich...