Collégienne ou lycéenne confinée avec des parents relous et néanmoins abonnés à Netflix, ce film est pour toi ma belle. Cette "critique" aussi.
Quitte à me montrer condescendante, je t'avertis : quand tu seras grande, si tu débites autant de platitudes que Rachel McAdams dans ce film, jamais tu ne pourras te taper le BG de l'open space. Car tu n'es pas Rachel McAdams.
Même si tu n'es pas affublée du fameux "regard bête" (i.e. le meilleur ami de l'homme face à une femme dont il ne partage pas le désir mais que les copains ont qualifiée de "baisable"), tu ne seras jamais Rachel McAdams ; à savoir une bonne actrice qui reste mimi et sexy dans un rôle de célibatante gourdiflotte en tailleur H&M, et ce malgré un vague plan montrant des cuisses pas retouchées au numérique.
Pour info, tu ne pourras pas non plus te taper Diane Keaton, classe même dans ce rôle de mamie grinçante, ni séduire Harrisson Ford en vieille gloire savamment bougonne.
Mais rassure toi, dans le monde réel il n'y a qu'une seule Rachel McAdams et finalement pas mal d'hommes qui ont de vrais amis et/ou ne s'encombrent pas d'alibis sur leur libido. Puis surtout, bien que l'industrie du cinéma laisse souvent penser le contraire, rien ne t'oblige à considérer que le bonheur passe par la conquête ostentatoirement enviée du BG de l'open space.
Evidemment, pour un adulte la vraie déception concernant ce film est ailleurs : dans le gâchis d'un chouette projet, soit, je crois, une comédie sur l'envers du décor des matinales TV et leur rapport à l'information, avec une petite troupe d'acteurs savoureux.
Sont-ce les producteurs qui ont décidé qu'outre la teen pop insupportable de la BO le film traiterait surtout du succès improbable d'une jeune femme déterminée et travailleuse mais totalement inintéressante via un personnage à peine ébauché avec force dialogues creux ; sa seule aspérité étant une maladresse éventuellement touchante. Je n'en sais rien mais c'est probable, les marketeux ont dû passer par là et raboter les angles à la guise des investisseurs pour racoler large, enfin selon eux.
Bien joué en tous cas, ce film colle bien au catalogue globalement mou du cerveau des pourvoyeurs de stream VOD. Impossible d'imaginer y figurer un film tel que Le téléphone rose, par exemple, qui n'est pas du tout exempt de défaut, mais compte l'une des figures féminines les plus fortes et indépendantes vue ces dernières années dans une comédie. Mireille Darc en call girl, certes à l'écart de l'enfer esclavagiste qu'est globalement la prostitution, se déjoue de l'emprise masculine et de l'aliénation du prolétariat par son intelligence autant que par son corps.