Incroyablement immersif. Une lenteur assumée qui rend le spectateur amorphe sans l'impatienter, Morse bouleverse, transforme la réalité et nous plonge dans une autre dimension : austère et glaciale.
D'emblée, le décor est planté, une ville triste et morne recouverte d'un voile blanc immaculé qui laisse deviner que le spectre de la mort n'est jamais bien loin. L'atmosphère oppresse, inquiète et pourtant captive.
On trouvera le réconfort auprès de deux jeunes ados que tout semble opposer mais dont les convergences se préciseront petit à petit. Ainsi, Morse nous plonge au coeur de la relation complice d'un jeune garçon, loup solitaire, et d'une vampirette écrasée par le poids d'un fardeau qu'elle n'a plus la force de porter seule. D'apparence léthargique, sous leur surface bouillonne une dualité surprenante, entre innocence et violence.
Des personnages complexes, profonds, qui à aucun moment ne tomberont dans la niaiserie. L'interprétation est remarquable, un jeu d'acteurs toujours dans la mesure.
Et le sang dans tout ça ? Morse ne lésine pas sur la dose d'hémoglobine. La violence tantôt crue tantôt suggerée est amenée brutalement. Le contraste est saisissant mais la surenchère n'y est pas, le sang gicle mais il fascine.
La bande originale, teintée d'une mélancolie rêveuse, ne manquera pas de vous prendre à la gorge dans les derniers instants du film, ceux pendant lesquels vous vous surprendrez peut-être, comme un gamin, à lancer un "Wow."
Morse mêle brillamment l'ambiance d'un film d'épouvante et la romance de deux ados livrés à eux-mêmes. Grandiose.