Life goes on

Il se dégage une énorme mélancolie teintée d'une certaine innocence de ce conte contemporain. Jeff Nichols aurait pu montrer le point de vue de Mud, il aurait pu également transposer ça dans une grande ville, et reprendre tous les clichés du genre. Mais non, le héros, c'est ce jeune Ellis, perdu, seul, plein de vie dans une petite ville où pas grand monde le comprend, et sûrement pas ses parents.

Nichols montre l'adolescence et l'amour comme peu de réalisateurs. Ici, ils ne vécurent pas heureux avec plein d'enfants. Il aurait très bien pu rendre ceci horrible, à la manière d'un Gilliam avec Tideland, d'un Larry Clarke dans n'importe lequel de ses films, mais non, il le montre avec une beauté rare, et un réalisme qui font croire au tout. Le mot juste est "innocence", vraiment. Ces enfants ont 14 ans, mais chez certains réalisateurs, ils en auraient 4.

Ainsi, ce que nous apprend ce Mud, c'est que la vie continue, toujours. Quoiqu'il arrive.

Un fabuleux film, j'en ai pleuré. Voir des enfants jouer avec tant de justesse dans une oeuvre si bien écrite, ça nous arrive pas tous les jours.

Comme Silver Linings Playbook, ce film rend souvent triste, mais surtout il met la pêche. On en sort euphorique, encore la larme à l'oeil, avec l'envie de retourner à un âge où on ne voyait pas le monde d'un oeil aigri et amer, à l'image du personnage de Tom.

Mais malheureusement, à peine sorti du cinéma, on retourne à la réalité de la bêtise humaine, alors imagée par le massacre aux USA pour la fête des mères et les débordements au Trocadéro. J'aurais voulu rester dans cette salle...