Il faut être clair : je ne suis pas la personne la mieux placée pour parler de « N.W.A : Straight Outta Compton », m'intéressant très peu au rap et connaissant tout juste de nom le groupe, et si j'apprécie le travail de Dr. Dre, je connais très mal celui des autres, connaissant bien mieux la carrière cinématographique que musicale d'Ice Cube : c'est vous dire. Maintenant, et même s'il m'a été un peu difficile de me sentir pleinement concerné par ce milieu pour le moins particulier, le travail est bien fait.
La période est plutôt pas mal décrite, le contexte aussi : on revient vraiment aux fondamentaux du rap, très loin des insanités débitées régulièrement aujourd'hui (en France pour commencer, d'ailleurs), un vrai cri de rage pour se faire les porte-paroles de quartiers sacrifiés, méprisés, parfois avec une grande violence (même si le discours très explicite et certaines situations sont un peu appuyés, du moins répétitifs). Sans être fan de la musique, il serait de mauvaise foi de ne pas trouver de qualités au texte, tout comme l'implication de chacun des membres dans la réussite de l'entreprise. D'autant que globalement, le film est peu édulcoré (même si l'on pourra quand même trouver ce dénouement un peu « too much », en même temps, c'est probablement en grande partie comme ça que cela s'est passé) : il ne cache en rien les (grosses) tensions, les trahisons qui ont émaillé l'histoire de chacun, la position des uns comme des autre pouvant être, à de rares exceptions, justifiée.
On ne s'ennuie pas, à l'image de comédiens impliqués et à la ressemblance physique souvent incroyable (mention spéciale pour O'Shea « Ice Cube » Jackson Jr.), sans oublier Paul Giamatti, remarquable en manager doué et quelque peu
manipulateur.
Si vous vous intéressez au rap et avez envie d'en savoir plus sur son « explosion », ce titre est fait pour vous, son professionnalisme et sa rigueur étant à saluer. Les autres pourront aussi y jeter un coup d'œil, apprendront quelques informations intéressantes sur ces années, sans pour autant être marqué. L'un dans l'autre, ça n'est pas si mal.