Los Angeles, fin des années 80. Une bande de jeunes invente un nouveau style musical : le gangsta
rap, violent et décomplexé. Le groupe NWA (Niggaz Wit Attitude) va révolutionner la planète hip-hop.
Parmi ses membres, des légendes comme Dr Dre, Ice Cube et Eazy-E.
Straight Outta Compton conte l'ascension de ces artistes, et la difficulté pour un groupe de durer.
C'est aussi le titre de l'album qui a révélé NWA au monde. Le réalisateur, F. Gary Gray, était un proche du quintette à l'époque. Il a tiré de ce passé un scénario rempli d'anecdotes, de détails qui donnent un aspect quasi documentaire à certaines scènes. Cette proximité offre au film une dose de réalité qui ne trompe pas, sur le basculement d'un rap rebelle vers un rap écrit pour la bande FM, guerre des gangs devenue course au bling-bling.
Loin de 8 Mile
Les exégètes du rap, capables de distinguer en quelques secondes un flow West Coast d'un flow East Coast, doutent de la véracité du film. Certaines choses auraient été embellies, d'autres passées sous silence. Qu'importe. Pour ceux qui ne connaissent pas ce milieu, cette introduction est une excellente leçon de rattrapage.
On lui reprochera la simplicité de son message politique, l'étrange traitement de l'affaire Rodney King
et des émeutes de 1992, toile de fond pas réellement exploitée. Dommage, car le message du NWA était très clair, et sa chanson Fuck Tha Police est sous-exploitée. En l'état, le film laisse un goût d'inachevé. La richesse du sujet et de ses héros était l'occasion de réaliser le grand film sur le rap, Il était une fois en Amérique, version ghetto noir. Il s'agit plutôt d'un divertissement maîtrisé dont la longueur, près de deux heures et demie, n'est pas gênante.
F. Gary Gray n'est pas non plus Curtis Hanson. Pour le drame social et hip-hop, on préférera toujours son 8 Mile, la référence du genre. Mais c'est faire le jeu du rap du Midwest contre le rap West Coast.