Bien qu'ayant d'incontestables aspects visionnaires, non pas sur le thème abordé qu'est l'atrophie cérébrale par la télévision, mais sur des sujets politico-économiques ou romantico-sociétaux, "Network, main basse sur la télévision" reste cependant la tautologie inévitable d'un conflit de générations sans fin.

Si Lumet a su engager un casting idéal pour les quelques confrontations présentes à travers le film, la réalisation reste néanmoins bancale : malgré l'impact efficace des dialogues & des tirades, on ne parvient pas vraiment à être dithyrambique sur les autres points, car ça traîne en longueur, on s'ennuie des polémiques engendrées futilement (oui car le public de Lumet est tout de même composé de personnes averties, pas d'abrutis complets, il me semble en tout cas), & la fin est d'une facilité & d'une prévisibilité ahurissantes.
Enoncer des vérités évidentes pour combler un scénario qui s'amorce profondément vide dès le début, ça n'a jamais vraiment marché. Si les héritiers de "Network, ...", comme "Glengarry" par exemple, ont su emprunter la voie du débat inter-protagonistes tout en sachant faire dériver le scénario de manière réaliste & convenable, ce n'est pas à force de travail, seulement de maîtrise. Il semble que même si Lumet a su se démarquer grâce à d'autres films dans sa façon de jongler avec les monologues, ceux de "Network, ..." semblent présents uniquement en tant qu'artifices, même si leur solidité n'est pas à remettre en cause.

J'avoue que ce film m'a plutôt ennuyé, j'ai fait trois pauses, ce qui est assez rare ; tout cela à cause d'une réalisation qui aurait mérité plus de sérieux. Malgré cet inconvénient, rien n'est à redire sur la qualité de la mise en scène, du casting original (dont la Faye Dunaway qui éblouit par sa beauté fatale). Plusieurs dialogues sont remarquables (lorsque Holden fait la morale à Dunaway & lui annonce que le point qu'il a fait sur sa vie ne le satisfait pas pleinement, entre autres) & bâtissent l'essentiel du film, sans quoi ce dernier serait morose & n'aurait selon moi nourri aucune passion de par ses thèmes récurrents & déjà vus.
Un bon Lumet en somme, mais certainement pas le principal à retenir.
Satané
6
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le 10 juil. 2012

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Satané

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