Dystopie immédiate
Network est un grand film. Non pas gigantesque, boursouflé de sa propre importance. Grand. Sec, taillé à coups de serpe chirurgicaux. Que du nerf et des tripes, pas de chair inutile, pas de gras...
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le 7 oct. 2013
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Incroyable ! Ce film est tout bonnement incroyablement visionnaire. La seule œuvre comparable qu’il m’ait été donné de voir est Cosmopolis qui aborde exactement les mêmes thèmes. Pourtant je n’ai pas pour habitude de donner un avis sur ce genre de film peu compris. Généralement même une critique, aussi limpide soit-elle, n’arrivera pas à décortiquer certains concepts si son lecteur n’en a pas conscience. Pourtant, Network en vaut largement la chandelle. Comment un film de 1977 peut-il à ce point prophétiser la façon d’être, d’apprendre et de vivre de notre 21ème siècle ? A croire que cette voyante dont parle Diana à plusieurs reprises a aussi devinée ce que nous allions devenir : des humanoïdes dépourvus d’humanité. Des « machines » servant un système quasi naturel celui de l’échange. Mais ayant besoin de stimuli pour vivre, exister. Matrix n’est pas loin.
Je ne sais pas si c’est le contexte aux états unis à l’époque ou si ce pays à 40 ans d’avance sociale sur l’Europe. Quoi qu’il en soit ce film dévoile l’aliénation de l’homme par la TV, le sensationnel. Le flux anesthésiant du poste de télévision qui permet aux Hommes de libérer leur colère et de revenir à un état exploitable. Ce n’est pas tout, c’est aussi une génération construite et façonnée par les média. Un humain, dont les schémas de pensées ne seraient que story board, clichés, et stéréotypes. Un monde déshumanisé ou l’Homme serait un rouage servant un plus grand système, celui de la devise.
Network ne cesse de noyer son spectateur dans des statistiques, des équations financières, des indices d’audience, des chiffres, de l’argent. Tout est exploitable, il suffit de placer ses pions au bon endroit au bon moment. Au milieu de cette stratégie l’humain d’hier impulsif, animal mais lucide et sage. De l’autre celui d’aujourd’hui, Diana, formatée, fonctionnelle et efficiente mais ayant toutefois besoin de combler ses désirs de créature organique aliénée par son métier qui est sa condition. Son orgasme, par exemple, comble un besoin qui la gêne dans la progression de ce pourquoi elle a été "programmée".
Peu de films ont abordé ce sujet. J’ai cité Cosmopolis, car à sa manière il montre que l’Homme débarrassé de ce qui le rend animal, de ses émotions, devient alors une machine que rien n’arrête et dont le but unique est d’accomplir son travail. 1984, Brazil, Matrix, voir même Idiocracy traitent également de l’aliénation de l’Homme. Mais l’écho le plus retentissant fait à Network est cet énigmatique texte qui se nomme « J’accepte ». Vous le trouverez très aisément sur le Web.
Peu importe que le film soit daté, le message qu’il délivre est un avertissement à tout ceux qui se laissent divertir et instruire par des émissions dont le seul but est de vendre du temps de cerveau. Alors si vous ne voulez pas ressembler à un plat surgelé au goût standard, je vous conseil vivement de faire l’effort de voir Network. Au delà de son message premier sur le temps de cerveau humain si cher à Mougeote et Coca, il explore la condition de l’homme face à ses semblables. Quand il travail aveuglément sans se retourner sur ses actes. Un film assurément de référence en la matière, et pour ma part le plus aboutit du genre.
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Créée
le 20 févr. 2013
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