Incroyable ! Ce film est tout bonnement incroyablement visionnaire. La seule œuvre comparable qu’il m’ait été donné de voir est Cosmopolis qui aborde exactement les mêmes thèmes. Pourtant je n’ai pas pour habitude de donner un avis sur ce genre de film peu compris. Généralement même une critique, aussi limpide soit-elle, n’arrivera pas à décortiquer certains concepts si son lecteur n’en a pas conscience. Pourtant, Network en vaut largement la chandelle. Comment un film de 1977 peut-il à ce point prophétiser la façon d’être, d’apprendre et de vivre de notre 21ème siècle ? A croire que cette voyante dont parle Diana à plusieurs reprises a aussi devinée ce que nous allions devenir : des humanoïdes dépourvus d’humanité. Des « machines » servant un système quasi naturel celui de l’échange. Mais ayant besoin de stimuli pour vivre, exister. Matrix n’est pas loin.


Je ne sais pas si c’est le contexte aux états unis à l’époque ou si ce pays à 40 ans d’avance sociale sur l’Europe. Quoi qu’il en soit ce film dévoile l’aliénation de l’homme par la TV, le sensationnel. Le flux anesthésiant du poste de télévision qui permet aux Hommes de libérer leur colère et de revenir à un état exploitable. Ce n’est pas tout, c’est aussi une génération construite et façonnée par les média. Un humain, dont les schémas de pensées ne seraient que story board, clichés, et stéréotypes. Un monde déshumanisé ou l’Homme serait un rouage servant un plus grand système, celui de la devise.


Network ne cesse de noyer son spectateur dans des statistiques, des équations financières, des indices d’audience, des chiffres, de l’argent. Tout est exploitable, il suffit de placer ses pions au bon endroit au bon moment. Au milieu de cette stratégie l’humain d’hier impulsif, animal mais lucide et sage. De l’autre celui d’aujourd’hui, Diana, formatée, fonctionnelle et efficiente mais ayant toutefois besoin de combler ses désirs de créature organique aliénée par son métier qui est sa condition. Son orgasme, par exemple, comble un besoin qui la gêne dans la progression de ce pourquoi elle a été "programmée".


Peu de films ont abordé ce sujet. J’ai cité Cosmopolis, car à sa manière il montre que l’Homme débarrassé de ce qui le rend animal, de ses émotions, devient alors une machine que rien n’arrête et dont le but unique est d’accomplir son travail. 1984, Brazil, Matrix, voir même Idiocracy traitent également de l’aliénation de l’Homme. Mais l’écho le plus retentissant fait à Network est cet énigmatique texte qui se nomme « J’accepte ». Vous le trouverez très aisément sur le Web.


Peu importe que le film soit daté, le message qu’il délivre est un avertissement à tout ceux qui se laissent divertir et instruire par des émissions dont le seul but est de vendre du temps de cerveau. Alors si vous ne voulez pas ressembler à un plat surgelé au goût standard, je vous conseil vivement de faire l’effort de voir Network. Au delà de son message premier sur le temps de cerveau humain si cher à Mougeote et Coca, il explore la condition de l’homme face à ses semblables. Quand il travail aveuglément sans se retourner sur ses actes. Un film assurément de référence en la matière, et pour ma part le plus aboutit du genre.

Dr_Wily
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 févr. 2013

Critique lue 836 fois

14 j'aime

2 commentaires

Dr. Wily

Écrit par

Critique lue 836 fois

14
2

D'autres avis sur Network - Main basse sur la TV

Network - Main basse sur la TV
Hypérion
9

Dystopie immédiate

Network est un grand film. Non pas gigantesque, boursouflé de sa propre importance. Grand. Sec, taillé à coups de serpe chirurgicaux. Que du nerf et des tripes, pas de chair inutile, pas de gras...

le 7 oct. 2013

107 j'aime

3

Network - Main basse sur la TV
Sergent_Pepper
7

Odieuse audience

Pamphlet sans concession sur la télévision, Network a un premier mérite, celui de son année de production. En 1977, les coulisses qu’il donne à voir sont encore peu connues du public, et font l’effet...

le 24 avr. 2014

90 j'aime

5

Network - Main basse sur la TV
Kalian
10

She's television generation. She learned life from Bugs Bunny.

Je pourrais palabrer pendant des paragraphes entiers sur ce film, tenter d'expliquer la virtuosité à toute épreuve de sa réalisation, m'extasier sur sa distribution qui semble sortir d'un rêve de...

le 3 nov. 2010

70 j'aime

21

Du même critique

Super Castlevania IV
Dr_Wily
8

Canines, chandeliers et SFX

Les débuts de la SNES ont été tonitruant. Entre les jeux de lancement que sont Mario World et Zelda 3 déjà bien tranchant par rapport aux épisodes NES on trouvait Castlevania IV. Coincé entre les 2...

le 21 déc. 2012

17 j'aime

2

Akira
Dr_Wily
2

Non c'est pas Akira sur l'affiche...

Décevant ! C'est le qualificatif pour le long métrage adapté de la fabuleuse série Akira. Ce film retrace les premières heures de l'histoire offerte par les livres. Mais en aucun cas il ne reflète la...

le 28 juin 2012

16 j'aime

16

F-Zero GX
Dr_Wily
9

Super combo de mandales ludique/technique

L'une des plus grosses mandale technique et ludique de ces 20 dernières années. F-Zero GX est l'un des très rarissimes titres à réussir un doublé entre maitrise de la technique et du gameplay. D'un,...

le 29 oct. 2012

15 j'aime

4