Etrange et Beau. Même pour l'anorexique Kiera Knightley.

Le clippeur Romanek met ses qualités de réalisateur au service d'une histoire bouleversante quelque part entre Bienvenue à Gattaca et Benjamin Button.

Tout comme le film de Fincher, Never Let Me Go utilise une histoire extraordinaire (des êtres humains élevés pour devenir donneurs d'organes) pour tout simplement raconter ce qu'est la vie à savoir l'amour et la mort.

N'étant absolument pas un fan de Science Fiction, j'ai trouvé l'utilisation d'un passé alternatif très judicieuse car elle permet de placer l'histoire dans un contexte historique et visuel connu de tous ce qui m'a mis d'emblée à l'aise avec l'esthétique étrange des décors et des costumes.

Les images et la musique sont juste parfaites et tiennent sur un fil tendu qui ne fait jamais tomber le film dans le pathos (bien que par moment on est à deux doigts de s'y enfoncer).

Le casting est à l'avenant. Même le squelette Kiera Knightley qui habituellement me laisse de marbre est ici très touchante et habite à merveille son personnage de garce. L'excellente idée du film pour le casting reste quand même le couple Andrew Garfield et Carey Mulligan qui sont deux jeunes acteurs aux physiques simples assez loin du stéréotype des gravures de mode hollywoodiennes. Leurs visages portent les émotions avec une justesse incroyable et donnent vie de façon sublime à leurs personnages pourtant condamnés à mourir vite.

Pas mal de gens ont critiqué le fait que les personnages ne se révoltent jamais face à leur terrible destin mais très franchement l'important n'est pas là. La dénonciation n'est pas le coeur du film, la morale du film pourrait être "Il faut mieux mourir jeune et avoir connu l'amour plutôt qu'une longue vie sans grand amour". Mais heureusement Never Let Me Go le dit avec beaucoup plus de force et de délicatesse que ça. Ce film est tout simplement une oeuvre subtile, étrange et belle qui nous amène à nous interroger sur nos vies.