Peu convaincue en voyant la bande-annonce, je m'attendais à une sorte de comédie faussement sociale, où seul l'exhibitionnisme assurerait le nombre d'entrées, et puis, en découvrant le nom de Philippe Le Guay, j'ai soudain des flashs du drôlement tendre Floride où Rochefort, grabataire d'une perte de mémoire maladive, conservait son ton roublard et enjoué que tout le monde adorait.
La salle où est projeté le film est complète, la moyenne d'âge est de 40 ans.
Le film s'ouvre sur un paysage normand baigné dans la brume matinale, les plans sont beaux, mais court-circuités dès la seconde qui suit, après qu'un campeur ne soit sorti de sa tente, installée au beau milieu d'un champ.
On nous présente chacun des personnages de façon sensible, on s'attache rapidement à eux car ils ne sont pas simplement esquissés, comme on a trop l'habitude de le faire pour les seconds rôles. Eux sont vivants, quoi que presque la corde au cou, car l'agriculture ne les fait plus vivre. Ils luttent, s'acharnent, mais se tirent eux-mêmes dans les pattes. Un paysan âgé calmera tout le monde en entonnant un air optimiste, mais voilà déjà que le débat reprend de plus belle, quand au JT local, leur action sur l'autoroute n'est même pas énumérée.
Alors, quand un petit photographe américain, dont la renommée mondiale étonne encore, propose au maire Balbu, un hyperactif et profondément généreux fermier, ainsi qu'à tous les habitants de ce patelin normand, de faire une photo d'eux, en tenue d'Adam et Eve, dans un champ, ce coup de massue qui révolutionne le village, pourrait tout aussi bien contribuer à faire parler d'eux à l'échelle nationale, voire internationale.