Toute petite production inoffensive avec un message destiné aux petits et grands. On excusera d'ambler la parabole consternante, parfois sympathique, de l'exilé parisien soucieux d'une qualité de vie bien meilleure à la campagne où les tomates ont un vrai goût de tomate et où on on peut subvenir à ses besoin grâce à la magie du télétravail et au pain fait maison que l'on vend sur les marchés.
Aucun cliché n'est évité notamment cette structure scénaristique estampillée et calibrée "film populaire grand public" avec ses sempiternelles séquences joyeuses, positives, nostalgiques, puis inquiétantes et finalement tout repart et se finit dans la joie et la bonne humeur (est dans le pré). Les paysans d'un petit bled paumé de Normandie (ce n'est pas moi qui le dit, mais la petite) font face à une importante crise économique et à la prise de conscience de la population alarmée face à la surconsommation de viandes. Le maire de la ville interprété par notre Cluzet national, notre grande gueule dynamique bien qu'un peu grognonne, souhaite réaliser le coût médiatique de l'année en sollicitant un photographe célèbre pour ses nombreux nus. Marquer les esprits en faisant poser nus tous les habitants du village, tel est le défit.
Le scénario forcément sympathique donne la possibilité aux gouailles de nos campagnes de se donner à cœur joie dans cette entreprise où personne ne sera d'accord, où les rivalités, l'amour et les rancœurs vont donner du fil à retordre au maire. L'ensemble ne sonne malheureusement pas souvent très juste, les comédiens anglo-saxons sont sympathiques mais jouent comme des pieds, on enfile les clichés avec un panache certain (Férol le pharmacien aigri, le parisien ridicule, la jeune blonde mignonne, Roger le boucher pas content, le sportif beau-gosse solitaire, le new-yorkais artistique) et les comédiens célèbres semblent être cantonnés à faire ce qu'ils font le mieux (méchant Philippe Duquesne, benêt Grégory Gadebois, méchant mais en fait gentil Philippe Rebbot, etc.), employés comme du bétail marqué au fer rouge.
Le message est compris, mais on s'en fiche un peu tant qu'on réussit quand même à la faire, cette photo! Car oui, le paysage est plutôt sympa là où il fait bon vivre (mais pas trop quand même dixit le riche parisien).