Des parallèles évidents qui inscrivent directement ce film dans la tendance actuelle que prend le cinéma scandinave (à vocation internationale) - je pense à Alfredsson (Morse), Roy Andersson (Chansons du 2° Etage, Nous les Vivants...) ou encore dans un moindre mesure Bent Hammer (Kitchen Stories...) ou Lone Scherfig (Wilbur) pour ceux qui me viennent à l'esprit.
Un cinéma à l'humour acide, parfois même cru, et volontairement tourné sur l'auto-dérision; des situations décalées, voire absurdes, mais qui tentent de poser ouvertement certains problèmes; une esthétique épurée, "lissée" si je peux dire, presque contemplative : plans larges jamais inutilement chargés, couleurs assez froides et mouvements de caméra limités et lents. Aussi un certain parti pris sur la communication entre les personnages, souvent problèmatique, les visages et regards fuyants, les répliques qui s'enchaînent péniblement ou de façon anormale etc. Des ingrédients caractéristiques.

Un scénario de science-fiction classique (et pas développé de manière remarquable): un homme confronté à une société oppressante qu'il tente (logiquement) de fuir, et dont il seul à ressentir l'étrangeté. L'originalité reste dans le traitement, dont je parle au-dessus.
Et dans le fait que cet environnement n'est pas du tout "aggressif", et tente au contraire de combler au mieux ses habitants, de leur rendre la vie la plus facile possible, socialement, professionnellement et matériellement. Bien-sûr, passée la première (agréable) surprise, tout cela sonne vite assez faux. Impossible d'accéder à de vraies relations humaines, de goûter ou sentir de vrais parfums, d'entendre de la musique etc. D'autant plus frustrant que la fausseté est générale et que seul notre héros en est gêné. Et bientôt gênant lorsqu'il commence à vouloir s'y soustraire. En mettant fin à ses jours, ce qui est mystérieusement impossible, puis en s'échappant, ayant découvert une brèche, infime et malheureuse. Bien-sûr, encore, se trouvent "en haut" un cercle de personnages qui contrôlent cette société et tentent de préserver intact en chacun le "bonheur" et de faire qu'il soit nécessaire et suffisant.
Pas vraiment surprenant de ce côté, mais interessant dans l'image des sociétés scandinaves qui est mise en jeu, modèles de stabilité et de gestion, systèmes par lesquels l'Etat assure le confort de ses citoyens, jusqu'à vouloir presque "prohiber" le malheur, l'insatisfaction.... qui n'ont pas de raison d'être. Notamment le cas au Danemark ou le bonheur tend à devenir une valeur nationale.
Mis à part ça, assez déçu, des longueurs et un développement prévisible malgré quelques scènes vraiment bonnes et audacieuses. Mais pas assez sur le long, dommage.
Khyber
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le 5 janv. 2015

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Khyber

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