Les critiques clamant que c'est un film génial "pour l'époque" me font lever les yeux au ciel. Je me fiche du rapport de l’œuvre aux progrès techniques de son temps, ce qui compte c'est qu'elle atteigne son idéal esthétique. À cet égard, Métropolis, par exemple, reste splendide 92 ans après sa sortie. Nosferatu, en revanche, fait rire malgré lui tellement il est devenu kitch. Bien malhonnête celui qui prétendra avoir ressenti le moindre effroi, ou ne serait-ce qu'une tension.
La musique reste le seul élément atmosphérique qui fonctionne un tant soit peu. L'abus d'intertitres souligne la faiblesse de l'image à suggérer les choses par elle-même. Et les effets spéciaux font peine, non par leur caractère rudimentaire, mais par l'absence totale de subtilité dans leur emploi, telle cette grotesque scène en négatif qui restitue bien mal l'univers surnaturel que Jonathan Harker rencontre dans Dracula à l'approche du château du comte.
À quoi bon, d'ailleurs, suivre le livre de Bram Stoker en enchainant les scènes sur un rythme à ce point effréné qu'aucune d'entre elle n'a le temps de faire mouche ? Le film s'éloigne du livre à la fin, et par miséricorde prend un raccourci permettant de conclure le tout en cinq minutes. Ouf ! Les meilleures blagues sont les plus courtes.