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Nosferatu le vampire est un film allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922. Le film est considéré comme l’un des premiers films d’horreur et comme l’un des piliers de l’expressionisme allemand. Pour résumer le film brièvement, celui-ci raconte l’histoire de Thomas Hutter, marié à Ellen qui part en Transylvanie afin de rencontrer le comte Orlok et de lui vendre une propriété pour que ce-dernier s’installe en ville. Pour le reste, à vous de le découvir !


Globalement, le film est construit et développé en cinq actes qui augmentent peu à peu une impression de suspens et de frayeur chez le spectateur. Etant un film expressionniste allemand, tout l’enjeu de Nosferatu le vampire repose sur une distorsion de la réalité et sur la mise en place d’un environnement sombre et incitant la crainte, voire la peur des personnages et du spectateur. Murnau y parvient en utilisant des filtres, la pellicule possédant plusieurs teintes : jaunâtre pour représenter le jour, bleutée correspondant à la nuit et rosée pour signifier l'aube. De plus, il utilise des effets temporels en procédant à des accélérations de l’image à plusieurs reprises et manipule également la profondeur de l’image, notamment par des jeux d’ombres. Murnau crée ainsi une ambiance dérangeante pour le spectateur et arrive à donner un effet absolument irréel aux évènements ainsi qu’aux décors naturels. La scène finale par exemple, est renforcée par l'utilisation de filtres de couleurs permet de l’imprégner de terreur et d’une certaine poésie. L’omniprésence du noir et donc de l’obscurité dans Nosferatu le vampire permet de signifier en permanence la présence du vampire (qui rappelons-le, est par définition un mort-vivant. Donc toutes les filles bavant sur Eward sont en quelques sorte des nécrophiles...) puis celle de la peste, sans doute une des épidémies les plus mortelles de l’histoire.


En prenant une séquence parmi tant d’autres dans le film, on comprend tous les enjeux que Murnau a voulus restitué : lorsqu’Hutter arrive devant la demeure de Nosferatu, celle-ci est montrée par une contre-plongée, la rendant bien plus imposante et terrifiante qu’elle ne l’est déjà, tant aux yeux du protagoniste que du spectateur, qui est de plus placé par le cadrage en vue subjective (il voit ce que voit Hutter). Puis arrive le personnage de Nosferatu, tout vêtu de noir, la peau d’une pâleur cadavérique. En plus de son apparence qui incite déjà à la peur, ses des mouvements corporels sont d’une lenteur quasi mécanique et ses expressions faciales permettent de renforcer non seulement l’aspect horrifique et irréel du personnage, mais également celui de l’environnement filmique global dans lequel il se situe. Cette courte séquence illustre donc parfaitement les enjeux de Murnau, voire de l’expressionnisme allemand en général : réalité déformée, présence d’un monstre, environnement sombre et inquiétant. Le tout est une représentation adéquate du concept fondateur du cinéma expressionniste allemand : l’inquiétante étrangeté, ou le monde présent dans le film qui est le plus éloigné possible du monde réel. L’exemple est tiré d’une simple séquence mais il permet de montrer les procédés mis en œuvres dans la globalité du film.


Déjà à l’époque de sa sortie en 1922, le film était donc une véritable prouesse de réalisation et considéré comme un film doté d’une mise en scène exemplaire et d’une puissance émotionnelle impressionnante. Ce film est également vanté par de nombreux critiques par la puissance historique liée au contexte contemporain de la réalisation du film ainsi que l’inspiration qu’il a suscité chez des nombreux autres cinéastes. Malgré le fait qu’il ne soit pas considéré par un film essentiel par certains on ne peut nier, et encore moins à notre époque, que Nosferatu le vampire est non seulement un film d’une modernité incroyable pour son époque mais qu’il est également une prémisse de tout un genre cinématographique en y posant la plupart des codes de mises en scène : le film d’horreur.


Toutefois, et malgré toutes ses qualités, on lutte un peu contre l'ennui tant certaines séquences sont lentes. On pourrait dire qu'il s'agit donc d'un film qui s'analyse plus qu'il ne se regarde. Mais il serait cependant dommage de passer à côté sous prétexte que c'est un film muet, car je pense que beaucoup de cinéastes actuels devraient regarder Nosferatu le vampire pour comprendre ce qu’est vraiment le cinéma.

HoochOnTheMoon
7
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le 10 mars 2016

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HoochOnTheMoon

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