Rien n'arrête Salim Shaheen. L'Afghanistan est une terre de guerre, de misère, d'extrémisme religieux, mais tandis que ces forces destructrices tourbillonnent autour de lui, Salim Shaheen continue de faire des films. Inlassablement et en conservant un rythme complètement frénétique, il se consacre au cinéma. Tandis qu'est filmé ce documentaire, il travaille sur 4 longs métrages en parallèle. Il en est actuellement à son 110ème. Beau palmarès...
Le bonhomme est une boule d'énergie qui recrute tout ce qu'il croise pour compenser le manque de moyens dans le cinéma. Il peut s'agir de son fils, d'un caméraman de l'équipe documentaire ou d'un garde du corps ou d'un décor qui lui plait (d'ailleurs il content de finalement venir là, sa mère en est originaire). Amoureux de culture et mordu du 7ème art, l'homme n'est pas parfait pour autant. Son mode de pensée reste très traditionnel (c'est aussi ce qui fait son succès dans son pays) et il semble monopoliser les premiers roles de ces oeuvres de façon assez égocentrique. Mais on ne peut lui reprocher de manquer de coeur.
Une telle passion, valait certainement un documentaire et en cela il faut remercier Sonia Kronlund. Néanmoins je dois également regretter son traitement de son sujet. Elle semble ne pas avoir trouvé la juste distance avec son sujet et laisse transparaitre son métier de journaliste presque en avant de sa position de réalisatrice. En effet, elle s'intègre comme un personnage à part entière du documentaire sans y apporter grand chose. Ca ne me dérange pas que le cinéaste s'intègre à un documentaire lorsque le fil de sa pensée évolue avec son enquête et que son parcours devienne celui du spectateur. Ici ça n'est pas le cas, et la place qu'elle prend devient plus importante que nécessaire. Mais pour tout vous dire... Je suspecte fortement Salim Shaheen de l'avoir recruté dans son propre film...