Et le chat dans tout ça ?
Après m'être immergé dans les ambiances terribles et glauques des clips réalisés par Romain Gavras (oui oui, le fils de Costa), notamment "Stress" de Justice et "Born Free" de M.I.A., il me fût tout naturel de me mater le premier long-métrage du réal'. "Notre jour viendra" met en scène un roux qui pète un câble (trop de pression tue la sagesse)...
Rémy, adolescent roux sans cesse persécuté par les jeunes de son âge, trouve du réconfort dans une relation virtuelle (un jeu vidéo, World of Warcraft) avec une personnalité nommée Gaëlle). Légèrement dépressive sur les bords, cette dernière lui envoie un petit sms sympathique pour lui dire qu'elle va se mutiler. Dans un esprit d'assistant social, Rémy accourt jusqu'à son foyer afin de se connecter sur son jeu. Comble de malchance, sa frangine occupe l'unique PC de la maison. S'en suit une dispute qui tourna à la virulence... Alors qu'il rentre chez lui après une journée de travail triviale, Patrick Alain, conseiller d'orientation psychanalyste, s'étonne de voir des gendarmes au domicile du jeune Rémy. Il continue son chemin et croise le gamin courant dans la rue, comme s'il faisait son jogging. Tous deux vont alors entamer une guerre "contre le monde et sa morale, dans une quête hallucinée vers l'Irlande et la liberté".
Le film est plutôt original en soi, car le septième art ne s'intéresse que trop peu aux roux, cette catégorie d'individus aux clichés tenaces.
- Les roux puent.
- Les roux ne savent pas nager, puisque les roux coulent.
- Les roux n'ont pas d'âme
- Les roux sont des êtres diaboliques
- ...
D'autres stéréotypes et blagues en tous genres continuent à faire la vie dure à cette population spécifique. Oui, car le racisme anti-roux existe bel et bien ! Avec "Notre jour viendra", il vient immédiatement à l'esprit du spectateur la dénonciation de ce racisme, et par de là même toutes formes de racismes. Dans cette optique, plusieurs séquences révèlent cette intention du réalisateur. Il y a par exemple une scène dans un café, où Patrick lance des cacahuètes sur des "arabes" ; une scène où Patrick insulte deux jeunes à l'allure hippie dans la rue ; une scène d'altercation avec un vendeur de voiture juif... Toutes ces séquences servant à appuyer la trame scénaristique, consciencieusement tournée vers la tolérance. L'on se souviendra alors de la réplique lancée avec beaucoup de conviction par Vincent Cassel : "Nous sommes le peuple qui a ni langue, ni armée, ni pays". Admirer Vincent Cassel s'en prendre gratuitement à n'importe lequel des individus de la planète tend même à donner un aspect comique et drôle au long-métrage.
L'actorat de "Notre jour viendra" est transcendé par un Vincent Cassel au sommet de son art, secondé par un Olivier Barthélémy plutôt timide, qui ne convaincrait guère s'il n'était pas happé par l'aura de Cassel. L'acteur français récemment au casting du cygne noir d'Aronofsky montre ici sa capacité à transmettre les sentiments de son personnage aux spectateurs. Grâce à lui, le film parvient à toucher. Sans cela, "Notre jour viendra" n'aurait été qu'une vulgaire œuvre prétentieuse et provocante. Au final, elle devient un film prenant à ne pas manquer. Bordel, ça fait du bien !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.