Initialement prévu pour le duo Spielberg/Smith, respectivement à la réalisation et dans le rôle principal, le projet atterrira finalement dans les mains de Spike Lee avec Josh Brolin en homme réclamant vengeance.
L'annonce avait déclenché les foudres des fans de l'original criant au sacrilège. Une réaction compréhensible au vu de l'incapacité des producteurs occidentaux à se réapproprier une œuvre asiatique pour donner une vision différente et proche de leur culture. Il est donc difficile, si l'on part de ce point de vue, de voir comment un réalisateur américain peut réussir à retranscrire cette histoire totalement nihiliste et jusqu'au-boutiste dans un paysage occidentale encore trop frileux en terme de débordements en tout genre et où certains sujet restent tabous.
Les bandes-annonces ne faisant que confirmer ce qu'on attendait, en d'autres termes rien d'intéressant, aller voir ce nouvelle version relevée plus de la simple curiosité plus qu'un intérêt particulier pour l'œuvre.
Était-il juste de snober le long-métrage sous prétexte que son prédécesseur a fait forte impression ?

La réponse peut sembler étonnante, mais non, cela ne l'était pas. On retrouve des éléments-ci et là déjà présent dans la version coréenne, mais la structure narrative et la présence de scènes "alternatives" permettent au spectateur, connaissant la première histoire, de se laisser happer par cette quête vengeresse. On est donc loin d'un simple copié/collé mais bien d'une vision différente du manga dont sont tirés les deux longs-métrages.

Si l'on met ses modèles de côté, l'œuvre est correct. On peut regretter un rythme inégal, alternant scènes mouvementés avec d'autres reposant sur des dialogues dans le but de faire avancer l'intrigue. Pour autant, on reste fasciné par cette spirale infernale où la libération du séquestré annonce le début d'un parcours semé de cadavres. Les moments de violence sont pour le moins efficaces et ne sont pas avare en hémoglobine. L'image granuleuse permet de rendre d'autant plus réaliste ces séquences. On comprend mieux la classification R aux USA.
On peut regretter que la relation qui se noue entre le personnage principal et l'infirmière soit quelque peu artificielle. En effet, rien ne justifie réellement l'attachement instantané de Sebastian pour Doucett. Le réalisateur essaye de justifier cela par l'attirance de la jeune femme pour les causes perdues sauf que cela n'est pas évident lors de leur première rencontre.
De même, les scènes d'actions sont certes violentes et un peu nerveuses mais manque cruellement de brio si l'on excepte la première baston et le plan-séquence nous montrant un massacre dans une maison.

De même, le final est quelque peu déroutant et en a fâché plus d'un. Spike Lee prend à contre pied le spectateur en retournant dans le dernier lieu où l'acteur principal est censé se retrouver. Analyser comme un aveu d'impuissance du réalisateur par certains, l'ultime acte est finalement cohérent aux vues des événements déroulaient. On peut traduire cela par un purgatoire pour le personnage principal.
Pour incarner l'enfoiré de première au physique banale, Josh Brolin correspond parfaitement à ces critères et on en prend conscience dès les premiers instants. De même attribuer, le rôle du commanditaire à Sharlto Copley, acteur fétiche de Neill Blomkamp, est payant. En effet l'acteur correspond à l'image du bad guy de l'original, quelqu'un de très raffiné ayant reçu une bonne éducation. Il est aussi plaisant de retrouver Michael Imperioli, l'éternel Christopher dans Les Soprano. Un bon acteur malheureusement trop peu présent au cinéma.
Un choix de casting payant donc les acteurs collent parfaitement aux rôles qui leur sont assignés et rendent d'autant plus crédible l'histoire narrée.

Sans pour autant égaler la version de Park Chan-wook, chef-d'œuvre sombre et nihiliste, Spike Lee offre un thriller sanglant et légèrement déviant. Une bonne surprise donc, car au vu du défi à relever et des multiples rumeurs autour des acteurs choisis durant la mise en chantier du projet, OldBoy partait sous de mauvais augures.
tzamety
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le 12 janv. 2014

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