J’ai du laisser reposer mon esprit plusieurs jours afin de bien assimiler ce que je venais de voir. C’est le premier film de Tarantino à me faire cet effet. Je suis pourtant fan de Tarantino, qui est mon réalisateur favori (je ne vais donc pas être spécialement objectif pour la suite de cette critique) et j'ai aimé tous ses films, excepté Inglourious Basterds (que je n’ai jamais revisionné depuis sa sortie mais je pense qu’il faudrait, vu qu’il marquait clairement un tournant dans la carrière et le style du réalisateur).


Le fait que je repense sans cesse à ce film, des jours après l’avoir vu, vient sûrement de la touche profondément mélancolique qui s’en dégage, et que l’on ne retrouve dans aucun autre film de Tarantino.


Je pense qu’avant de voir le film il est nécessaire de faire un tour sur la page Wikipedia de l’affaire Sharon Tate / Charles Manson, si vous ne la connaissez pas, car comme aux USA ça a l'air de faire partie de leur culture générale, il me semble que c'est un pré-requis pour apprécier pleinement cette œuvre, vu que celle-ci est utilisée comme trame de fond.


Mais venons-en au film en lui-même : comme le titre nous laisse le présager, Tarantino nous conte ici une histoire, qui nous plonge directement dans le Hollywood de la fin des annes 60, dans lequel on se laisse balader en suivant un acteur en fin de carrière (Rick Dalton / Leonardo DiCaprio) et sa doublure (Cliff Booth / Brad Pitt).


Durant la plus grande partie du film, nous nous retrouvons donc à trainer (un peu trop longtemps il faut l’avouer) avec ces 2 personnages fictifs, ainsi que l'actrice montante Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, ce qui nous met clairement dans l'ambiance de l’époque et de ce lieu emblématique, parfaitement recréés. On croisera diverses apparitions de personnalités célèbres, comme


Mama Cass, Steve McQueen, ou encore Bruce Lee.


La seconde partie du film nous amène à la scène du ranch, glauque et effrayante à souhait, un vrai court-métrage en huis-clos à l'intérieur du film, qui nous prépare à sa conclusion. Charles Manson n'est d'ailleurs jamais réellement nommé (on l'aperçoit seulement, et on l'évoque avec le surnom "Charlie"). Cela montre que l'affaire des meurtres de Manson n'est clairement pas l'histoire que Tarantino veut raconter, et qu'elle sert seulement de prétexte pour raconter ce qui l'intéresse vraiment.


La conclusion,


qui ne manquera pas de diviser et faire couler de l’encre, parlons en justement. En inversant la donne, pour ma part j'y vois un Tarantino qui se venge et nous envoie un message clair et précis : on ne touche pas à mes stars de cinéma.


Ce bouquet final est par ailleurs un peu rapide par rapport au reste du film, et on aimerait qu’il dure plus longtemps. Ou bien à l’inverse que le reste du film ait duré moins longtemps, car les scènes de films dans le film, entre autres, s’étirent en longueur pour un intérêt moindre (caler la plupart des acteurs fétiches de Tarantino en guest), hormis certaines qui restent importantes pour son déroulement


(cette scene ou la gamine dit à Rick "That was the best acting I’ve ever seen", tellement émouvante).


Les toutes dernières minutes du film


nous renvoient vers une fin lumineuse. Rick Dalton finit par rencontrer sa voisine Sharon Tate. Cette scène est parfaite, et je la trouve aussi très meta, car elle nous laisse imaginer que ce nouveau contact permettra à l'acteur vieillissant un regain de carrière, tout comme Tarantino a lui-même laissé sa chance à de nombreux acteurs has-been (John Travolta, Pam Grier, etc.) au fil de sa filmographie. Le titre du film prend d’ailleurs tout son sens, car à la manière d’un conte, Tarantino nous offre non pas l’histoire réelle (et tragique) qui s’est déroulée, mais ce qui aurait pu avoir lieu, dans son monde féérique/utopique.


En conclusion, Tarantino nous livre avec ce 9e opus une véritable lettre d’amour à cette période et au cinéma d’Hollywood. Il ne s'agit pas de son meilleur film, surtout à cause de longueurs évitables (c'était aussi le cas dans The Hateful Eight), mais c’est certainement l'un de ses plus personnels, et j’ai été entièrement conquis.

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le 21 août 2019

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Ptid

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