Once Upon A Time In Hollywood est un de ces crescendos sans fin qui font attendre un truc explosif qui ne vient jamais. J'ai bien cru que j'allais devoir en sortir en me plaignant que DiCaprio n'en finissait plus d'être anachronique et que l'Hollywood de Tarantino était décidément bien opaque.
Mais ça, c'était avant de refaire le visionnage en esprit, de me rendre compte que l'anachronicité du jeu d'acteurs était le reflet de l'intemporalité hollywoodienne, et que l'explosion était là, dans l'arrière-plan de l'ambiance, libérant continuellement des vagues d'émotions contrôlées dont le crescendo n'était que le contrepoint. Qui dit Tarantino dit règne de la testostérone, mais ce contrôle se retrouve dans le fait que l'artiste est sur son terrain, à un endroit où il n'a rien besoin de démontrer : il est en confiance, et il aime nous montrer comment ça fonctionne chez lui.
Hollywood l'inéchappable (où qu'on soit, ses jingles publicitaires nous poursuivent) a quelque chose d'à la fois violent, romantique, tendre et glauque, des adjectifs que le réalisateur s'est toujours fait une joie de mêler à sa manière. Et si j'avais eu à me plaindre, j'aurais dû au moins faire l'éloge de ces ambiances qui s'enchaînent comme un Mullholland Drive aéré. On ne pouvait en rêver meilleurs autochtones que Pitt et DiCaprio, qui jouent sur le même fil de fer d'une ambiance millimétrée relatant le rêve éveillé de la Cité des Anges.
Repeinte à l'extérieur et à l'intérieur, la ville délivre de la sorte le souvenir de tous les films qui nous séparent de l'assassinat de Sharon Tate, nous rappelant pour finir que la fiction n'est parfois qu'à un pas de la réalité, et que la magie du cinéma nous permet d'aller chercher toutes les réalités qu'on désire. Quitte à passer par une scène de fin où l'on retrouvera un réalisateur violent et démonstratif, fanatique de ce que la brutalité peut débloquer là où nous arrêtent les conventions. Car ça, c'est la magie de Tarantino.