Un huis-clos très long, qui aura simplement le mérite d'en apprendre un peu à ceux qui méconnaissent les quatre grands noms cités sur l'affiche : Malcolm X, Muhammad Ali, Jim (James) Brown et Sam Cooke. Concrètement, on assiste à deux heures d'un quatuor qui s'enguirlande dans une chambre d'hôtel pour savoir lequel sert le plus la cause noire aux États-Unis. Sans plus. A la futilité de ce débat (chacun beuglant pour prouver que c'est lui le plus efficace dans la cause) s'ajoute des acteurs qui en font des caisses, des éléments de vie mal amenés par les personnages (certaines répliques ressemblent à des biographies Wikipédia qui sortent de nulle part, seulement à destination du spectateur, mais font tâches dans la continuité des dialogues). Comme si vous discutiez avec votre meilleur ami en casant une fois toutes les dix phrases un événement marquant de votre jeunesse, avec la date, le lieu, qui y a participé... Forcément pas très naturel. Peut-être cela voulait-il participer à la théâtralité du film. Néanmoins, on ne peut qu'applaudir l'objectivité de la réalisatrice quant aux vedettes qu'elle met en lumière, car on a (enfin !) un portrait de Malcolm X qui ne l'encense pas comme une idole vénérée (coucou Spike Lee) mais qui souligne ses idées progressistes autant que ses failles, puis un portrait de James Brown qui nous le présente d'abord comme un footballeur, puis acteur de cinéma, et peut-être même (il y pense) à rentrer dans la chanson (ça serait une chouette idée, on parie...), un Muhammad Ali de l'époque où il était encore Cassius Clay (l'étoile montante de la boxe) et un Sam Cooke qui se fait disputer pour la simplicité de ses paroles (qu'on adore, nous, pourtant). Les quatre portraits sont réussis et agréablement neutres, une réussite sur ce plan pédagogue, si seulement la forme narrative n'était pas si proche d'un drame (huis-clos) de théâtre lent...