Ong-Bak
5.7
Ong-Bak

Film de Prachya Pinkaew (2003)

Le film pouvait casser des briques, il ne se contente que d'allumettes

Je vois déjà bon nombre de fans qui me regardent, de leur œil du tigre, prêts à me faire passer un sale quart d’heure pour avoir donné une telle note à l’un des films d’arts-martiaux jugés comme les plus mémorables de ces dernières années. Mais croyez-moi : donner une notation à ce genre de divertissement, c’est plutôt une tâche ardue ! Car il faut choisir entre le spectacle de combats et tout bonnement le film. J’ai choisi la seconde option, que cela vous plaise ou non !

Alors, pour calmez les esprits, commençons par les atouts d’Ong-Bak : les séquences de combats. Cascades réalisées sans effets spéciaux. Tony Jaa qui se donne à fond, corps et âme, dans des prouesses arts-martiales indiscutables. Une énergie folle qui se fait ressentir à chaque instant où les coups pleuvent comme du petit pain. Des scènes qui durent suffisamment longtemps pour que le spectateur puisse en profiter comme il se doit. Oui, il n’y a vraiment pas à dire : Ong-Bak est véritablement un divertissement fait pour tous les mordus de castagne asiatique. Leur proposant un concurrent potentiel à Jet Li et consorts (ne citons pas Bruce Lee pour éviter le blasphème) en la personne de Tony Jaa (même si les techniques diffèrent).

D’accord, je ferme également les yeux sur le pitoyable scénario qu’offre le film. Soit un simple fermier quasi invincible au combat qui part en ville retrouver une tête de Bouddha enlevée dans son village. Qui devra faire équipe avec un de ses semblables reniant ses origines, face à des trafiquants d’arts. Une histoire qui ne vole pas bien haut, d’autant plus que le personnage de Tony Jaa (Ting) n’est présent que pour distribuer des coups, rien de plus ! Pas travaillé, pas d’histoire… rien ! Alors que celui de Petchtai Wongkamlao (George) possède un passé qu’il désire enterrer, lié à la relation avec son père. Le film s’intéresse quelques minutes à celle-ci, sans jamais réussir à lui faire prendre de l’ampleur à nos yeux (étant racontée n’importe comment, image sombre, musique douce trop appuyée en fond).

C’est sans doute l’un des plus gros défauts d’Ong-Bak qu’est représenté via cette relation. Celui de se prendre au sérieux. Et malgré quelques passages qui se veulent comiques (comme quand George joue les lâches face à l’adversité), le film garde constamment son air mature alors qu’un humour bon enfant ne lui aurait pas fait de mal. Histoire d’alléger le tout et de rendre les personnages un chouïa attachants. Qui, franchement, ne sont pas aidés par leur comédien respectif, tout simplement inexistant. Encore une fois, Tony Jaa est là pour se battre. Et on sent en lui cette envie pressante d’affronter quelqu’un. Il doit pourtant patienter entre chaque séquence, faisant office d’acteur de seconde zone, et cela se sent malheureusement.

C’est là que je vous entends hausser la voix ! Il est vrai qu’Ong-Bak est un long-métrage calibré comme tel : l’histoire a beau être nulle, les interprètes moyens, il n’empêche que cela reste un film de combat, donc on veut du combat ! Ce n’est pas moi et mon coup de cœur, dans un autre genre, avec la saga Transformers qui vont vous faire la leçon (je veux voir des robots qui se battent, le film ne livre que des robots qui se battent, oubliant le reste mais on s’en fiche royalement !). Alors pourquoi ne pas remonter la note de cet Ong-Bak et le considérer comme un film de combat comme les autres ? Eh bien, à cause de la mise en scène, qui gâche le spectacle d’anthologie que cela aurait pu être.

Les combats ont une énergie de malade, mais pas la caméra qui suit les mouvements des protagonistes. Elle reste plantée là, à filmer la scène. Alors qu’elle aurait très bien pu bouger (portée à l’épaule) pour donner encore plus de vitalité à l’ensemble. Mais non, le seul effet qu’elle procure, c’est cette sensation de voir des pirouettes hautement chorégraphiées, qui perdent en crédibilité (on voit que le combattant frappe dans le vide, le cascadeur faisant un geste – comme reculer subitement sa tête – pour simuler le coup qu’il prend). Heureusement que le montage arrange les choses. Mais même de ce côté-là, le film en fait trop ! Notamment avec certaines cascades qui se répètent sous nos yeux au moins 3-4 fois en quelques secondes. Comme si nous n’avions rien vu ni compris de ce qui s’était passé à l’écran. Un effet qui peut être sympa s’il est utilisé à bon escient, mais pour Ong-Bak, cela frôle la surdose ! Au point que certains combats se transforment en clip, c’est pour dire ! Et enfin, ne parlons pas de la musique, qui gâche amplement ces mêmes scènes, renforçant justement cette allure clipesque.

Voilà pourquoi Ong-Bak ne restera pas pour moi un grand film d’arts-martiaux. Les cascades ont beau être ahurissantes, si la mise en scène ne les met pas correctement en valeur, ce n’est même pas la peine d’en faire tout un plat ! D’autant plus qu’avec ce constat en tête, il en devient difficile de fermer les yeux sur tous les autres défauts dont on aurait très bien pu oublier en regardant le film. Tant ils ne sont pas la priorité première dans ce genre de divertissement. Vraiment dommage, car Ong-Bak avait de quoi mettre K.O. !
sebastiendecocq
3
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le 26 févr. 2014

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