Pas de préjugés pour cette romance !

« Orgueil et Préjugés » est l'histoire de la famille Bennet, vivant en Angleterre au début du XIXème siècle. Derrière les aventures sentimentales des cinq jeunes filles Bennet, se dépeint la rigidité de la société anglaise à cette époque et le fardeau des origines, notamment avec Lady Catherine de Bourg, aristocrate impérieuse qui dirige son monde d'une poigne de fer ou encore la mère Bennet, pour qui le mariage est plus important que le bonheur de ses filles.
Ces différentes thématiques abordées par Jane Austen, écrivain anglaise du XIXème ont été brillamment réadaptées par le réalisateur Joe Wright en 2005. Le film, « so british » a rigoureusement suivi, au fil des pages, les péripéties des miss Bennet et surtout de l'héroïne, Elizabeth (Lizzy) interprétée par la délicieuse Keira Knightley. L'humour anglais charme et les dialogues sont très savoureux, en particulier entre Elizabeth et Monsieur Darcy (interprété par Matthew Macfadyen) où les piques envoyés par l'un ou par l'autre font étonnamment bien ressortir l'orgueil des deux personnages. Les superbes paysages filmés donnent l'impression d'une plénitude totale, comme lorsque Lizzy se tient devant les hautes falaises, avant de rejoindre le château de Fitzwilliam Darcy. Les plans réalisés par le metteur en scène montrent subtilement l'amour naissant entre les deux personnages principaux. On voit ainsi plusieurs plans rapprochés sur les mains des protagonistes où leur intimité est suggérée de façon très habile. Joe Wright joue d'ailleurs avec la suggestion tout au long du film, mais aussi avec l'attente et le temps. Ces notions abordées donnent au film une distinction profonde, tout en finesse, du roman de Jane Austen. L'insinuation d'un baiser, le tendre touché d'une main, le jeu de regards entre les personnages... tout est là pour nous faire fondre de plaisir et de désir, et l'on reste ébloui devant ces scènes si raffinées.
N'oublions pas la bande son de Jean-Yves Thibaudet, qui nous renvoie en des temps lointains avec un plaisir non dissimulé. Les différentes danses, plus ou moins rapides, donnent envie de se lever de son siège pour les accompagner et piailler avec eux dans une ambiance folle et endiablée.
Les quelques failles de cette romance seraient le goût de trop peu d'un film aussi beau, qui dure pourtant 2h10. La romance prévisible entre Elizabeth Bennet et Monsieur Darcy était aussi ce que nous voulions ; le cinéaste nous épargne ainsi le « twist » final dans lequel on ne se serait pas reconnu s'il en avait été autrement.
Joe Wright a donc réalisé un chef-d'œuvre dont le romantisme s'allie en subtilité et en beauté avec ces quelques nuances d'humours britanniques, qui donnent tant de charme à cette famille du XIXème . À la sortie des salles obscures ou même devant sa télévision, on aurait presque envie de revenir au temps des princes charmants, des bals somptueux et de la légèreté de la vie. À conseiller fortement pour une première initiation dans le milieu anglais, et à savourer pleinement pour les autres !