Vengeance assouvie par un subalterne au détriment de son maitre qui l’a outragé dans son honneur conjugal, vengeance qui consiste à infliger à son chef une souffrance en tout semblable à celle qu’il endure lui-même. Tragédie haletante se jouant autour d’une créature innocente prise dans un réseau de perfidie et poussée à une mort atroce dans une chambre au fonds d’une forteresse – fait divers cruel que Shakespeare enrobe de toute les richesses verbales et de toute la subtilité d’un drame du 17 eme siècle, sublimé par les fulgurances de la caméra de Welles, étourdissants staccatos modernisants le récit des insinuations grossières de Iago, des contractions apparentes d’Othello, qui se conduit comme un taureau en présence d’un drapeau rouge, et y succombe avec une rapidité stupéfiante .C’est précisément dans cette rupture de rythme, dans ce soudain effondrement que réside la vérité du personnage. Ce condensé élémentaire se retrouve entre le face à face de ce qu’il y a de plus héroïque et ce qu’il ya de plus perfide et de sournois dans une créature humaine, entre des désirs juvéniles, fait tout à la fois de tendresse et d’adoration et la joie à duper autrui de tout modeler à son gré. Passons sur l’invraisemblance de certains éléments, de certaines contradictions dans la psychologie de personnages si sot, si facilement dupés par Iago, que Welles sert fidèlement en jouant sur les effets de perspectives mentales et spatiales, impliquant d’inévitables déformations non perspeptibles à la représentation, restituant à un récit fragmenté l’éblouissement du plus savoureux des nectars du théâtre élisabéthain.