J'aime bien ce film, peut-être pas pour les bonnes raisons. Car il faut avouer que ça commençait mal : psychologie des personnages assez simplette (le mauvais-bon gars, le mauvais-barré-très mauvais, l'enfant malade, etc.), huis-clos un peu glauque couplé d'une prise d'otage aux motifs assez vagues, travellings étranges, pas communs, prises de vue originales qu'on peut parfois traduire comme des effets de style un peu (beaucoup) trop appuyés...
Ce que j'ai vraiment aimé je crois, c'est que progressivement (et en partie grâce à ce que je critique ci-dessus, cet "étrange regard") la maison qui est le lieu "civilisé" et domestiqué par excellence devient un lieu sauvage, vivant. Elle ouvre des portes comme elle enferme, elle agresse comme elle protège. Et enfin se profile un film qui, lentement, oscille entre réalisme et fantastique : c'est précisément le regard porté sur ce morceau de réel, ce lieu fermé, qui se transforme en un lieu fantastique. On attend de voir surgir quelque chose, tant l'ambiance, ici, semble étouffer les occupants du lieu, les dépasser.
Et la fin, avec ce tourbillonnement et ces éclairs, accrédite cette volonté de marcher sur le fil d'un fantastique déguisé, ou plutôt d'un film qui se serait amusé à prendre une tournure fantastique en se parant du masque de la banalité, du quotidien (et non, comme souvent, le fantastique qui fait intrusion dans un lieu ordinaire). Si bien qu'il n'y a rien de fantastique dans ce film, pas de basculement, mais une sorte d'esquisse, de longue tentation.