Volontairement provocateur dans son sujet, Papa ou Maman tient globalement ses promesses de d’irrévérence. On met pourtant du temps à entrer dans le vif du sujet, les vingt premières minutes sont même assez laborieuses (la scène inaugurale fait craindre le pire), mais une fois la machine lancée, ça déménage. Les petites mesquineries répondent aux grosses vacheries, le mauvais esprit règne en maître et le cœur du film bat au rythme de cet affrontement vachard et finalement assez ludique.
Papa et maman va au bout de son pitch audacieux et assume de toucher à un tabou, l’attachement viscéral que les parents sont supposés avoir pour leurs enfants (ici pour le coup tout à fait insupportables). C’est parfois délicieusement méchant, souvent piquant, mais le film a du mal à tenir la distance malgré sa courte durée et alterne fréquemment trous d’air et fulgurances. Sans doute le sujet aurait-il mieux convenu à un court ou moyen métrage.
Reste que pendant le temps où il ose tout, la sauce prend très bien et l’alchimie entre Marine Foïs et Laurent Laffite peut opérer. On sent chez ces deux-là un vrai plaisir coupable à s’envoyer des horreurs à la face de l’autre. L’humour pince sans-rire et bavard de Lafitte trouve un parfait complément dans le décalage un peu vaporeux et faussement désabusé de Marina Fois. Le mariage de ces phrasés si singuliers fonctionnent très bien et constituent le principal atout de cette comédie au final très sympathique.
Si tout n’est pas réussi dans Papa ou Maman, qui trainasse dangereusement par moment, il provoque suffisamment de fous-rires et revendique si clairement son audace qu’on ne peut que saluer cette nouvelle tentative dans l’ensemble réussie de dépoussiérée la comédie française. Qui se porte bien, merci pour elle.