Papillon est sorti en 1973, l'année de la mort de l'auteur du roman autobiographique éponyme. Papillon raconte donc l'histoire d'Henri Charrière, un bagnard qui, durant sa longue période de captivité, tenta de s'évader.
D'office, le film nous parle d'injustice : Charrière a toujours nié avoir commis le meurtre duquel il est accusé. On poursuit donc à ses côtés l'objectif ultime de s'échapper. Il porte d'ailleurs sur lui-même un signe de liberté, le papillon qu'il s'est fait tatouer.
Le film fait preuve d'énormément de qualités. Tout d'abord, pour un film de 1973, on peut dire que les décors ou les effets spéciaux sont particulièrement réalistes. Ils aident à l'immersion du spectateur dans ces lieux reclus. Et ça fait quand même plaisir de voir un véritable caïman, ou encore des scènes en bateau tout à fait crédibles, avec pas le moindre fond bleu (pour comparer à un film plus vieux, ça me fait toujours chier de voir, par exemple dans La Mort aux Trousses, un fond pour tous les plans à l'intérieur des bagnoles).
Schaffner n'a pas oublié La Planète des Singes, et on sent encore des traces de son film culte dans Papillon : l'évasion impossible, du fait que le prisonnier n'est jamais écouté, une scène de jet d'eau dans la prison, ou encore le silence innocent dont font preuve les indigènes. On peut facilement rapprocher ces deux films à pas mal de niveaux, ils ont à peu près les mêmes grandes qualités.
Papillon est également riche d'intensité : nous transportant tantôt dans l'espoir, tantôt dans le désespoir, on a droit à des scènes de suspense où on touche du doigt la liberté, comme à des scènes parfois longues où on ne perçoit aucune échappatoire, et où Schaffner en profite pour dénoncer avec vigueur le milieu du bagne de Guyane.
Saupoudré de deux superbes acteurs, Steve McQueen et Dustin Hoffman, qui font preuve de beaucoup d'humanisme et de véhémence, Papillon devient un film vraiment savoureux, riche d'intensité et de vérité sur le sujet grave du bagne. Voilà un film où le fait que ce soit une histoire vraie rajoute encore une touche de relevé.