Parents
6.5
Parents

Film de Bob Balaban (1989)

Œuvre tombée dans l'oubli depuis de nombreuses années après avoir connu un certain succès en vidéo clubs en son temps si l'on en croit les spécialistes de films bis, Parents est la première réalisation pour le cinéma de Bob Balaban, qui aura surtout œuvré à la télévision, et qui est principalement connu comme second rôle du cinéma américain (on a récemment pu le voir chez Wes Anderson : le narrateur loufoque de Moonrise Kingdom , c'est lui). Situant son récit dans l'Amérique « moyenne » des années 1950, il raconte l'histoire d'un jeune garçon, Michael, assaillit de cauchemars sanglants et qui commence à s'interroger sur l'attitude de ses parents, allant jusqu'à les soupçonner de cannibalisme.

Proche de l'Oeuvre d'un Joe Dante qui aurait décidé de plonger les pieds joints dans le gore, Parents égratigne l'American Way of Life et ses banlieues proprettes décidément bien trop propres sur elles pour ne pas dissimuler quelque chose. Nous plongeant dans le point de vue de Michael, le film nous présente des adultes tous plus inquiétant les uns que les autres, et ce dès le départ : l'institutrice, l'assistante sociale, le nouveau patron du père dont l'entreprise ne semble guère embêtée par les questions morales et surtout les deux parents en question. Entre la mère et son sourire forcée et le père campé par un Randy Quaid tour à tour grotesque en scientifique grassouillet et foncièrement inquiétant derrière ses lunettes rondes, l'angoisse de ce gosse n'en paraît que plus légitime.

Toutefois, le film ne part pas non plus dans le n'importe quoi et Balaban prend son temps pour poser son univers et se révèle particulièrement doué pour faire monter la tension et créer une atmosphère fantastique. Ainsi, pas de déchaînement de scènes gores mais une évolution progressive de scènes en scènes jusqu'au final pendant lequel on regrettera une utilisation excessive des ralentis et que le film n'ose pas aller aussi loin qu'il aurait pu. A l'appui de la mise en scène, la musique est une réussite, entre le thème principal de Angelo Badalamenti aux sonorités ironiquement joyeuses et les sons inquiétants de Jonathan Elias venant accompagner les scènes oniriques.

Sans doute maladroit et un peu trop en retenu, Parents est un premier film curieux et attachant de part son scénario original et son énergie communicative. Les quelques défauts que l'on pourra trouver lui donne aussi son charme. Pas un chef d’œuvre, ni même un classique, mais une curiosité sur laquelle les amateurs de bizarreries devraient se pencher.
ValM
7
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le 21 août 2014

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ValM

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