Survivre

Le titre l'indique, l'action se passe en Patagonie, c'est à dire en Argentine. Ses pampas, ses troupeaux de moutons, la cordillère des Andes en ligne de mire, avec ses pics enneigés en toutes saisons. Le film est très centré sur le rapport à la nature, la vie qui avance avec les saisons. Un film dur, âpre, où les quelques protagonistes cherchent à survivre dans un contexte assez difficile. Dans la pampa, Evans tient une hacienda qui abrite un important troupeau de moutons. En hiver, il est seul avec quelques chiens. A la belle saison, quelques hommes viennent pour la tonte. Dès le début du film, celui qui donne des directives à Evans lui désigne un des nouveaux arrivants en lui disant qu'il faut le former. Ce nouveau, Jara, a droit à un beau cheval qu'il va devoir attraper avec son lasso dans le corral. Et puis, rapidement, Evans va être reçu par le directeur qui lui explique que l'hacienda change de propriétaire et qu'il n'a plus rien pour lui. L'élevage des moutons ne rapporterait plus assez, épisode d'autant plus dur à avaler que les acheteurs parlent un français sans accent. Complètement déboussolé, Evans qui sent le poids des ans, tente sa chance du côté de sa fille, essuie un revers poli, et on le perd pour un bout de temps. On suit Jara qui se débrouille pas mal, mais qui découvre que les choses ne sont peut-être pas aussi simple qu'on a bien voulu lui dire avant qu'il arrive. Le film se termine par une confrontation entre Evans et Jara, une confrontation pas facile. Il y a du drame et du malentendu dans l'air.
Le film laisse une impression bizarre. De beaux paysages, un site pas spécialement original mais une ambiance particulière à laquelle on ne comprend pas tout, puisque la fin laisse planer un doute. Mais on s'attache aux personnages qui survivent dans des conditions difficiles. Pour Evans comme pour Jara, que la nature soit belle leur importe peu, ils font leur possible pour assurer leur subsistance. Le réalisateur prend son temps pour montrer leurs conditions d'existence, le meilleur du film à mon avis. En un peu plus d'une heure trente, il instaure une ambiance et montre ce que font les uns et les autres pour se créer quelque chose qui ressemble à leur cocon, une sorte de périmètre où ils pensent avoir assurer sinon leur sécurité, du moins les moyens de survivre en s'accomodant des conditions. L'aspect esthétique n'intéresse que le réalisateur et le spectateur. Le scénario va plutôt vers la simplicité, son point faible est de laisser brusquement Evans en plan, pour ne le redonner à voir qu'à la fin alors qu'on n 'y croyait plus vraiment. Et donc, la fin laisse une bizarre impression d'incertitude sur ce qui s'est vraiment passé.