Paterson c’est d’abord le personnage principal du film du même nom, un poète qui conduit un bus ou un chauffeur de bus qui écrit de la poésie. Paterson c’est le quotidien au sens le plus proche duquel chacun le perçoit, une semaine dans la vie d’un homme : sa routine, ses surprises, les conversations qu’il entend, le sandwich qu’il mange le midi.
Un sujet aussi simple pourrait rendre le film long et ennuyeux, pourtant, en braquant sa caméra sur les petits riens qui font que chaque journée n’est pas tout à fait identique à la précédente, le réalisateur donne une nouvelle dimension à la banalité d’une semaine presque, mais pas tout à fait, comme la précédente. Son personnage principal, qui trouve l’inspiration poétique aussi bien en observant une boîte d’allumettes qu’en se rappelant une comptine pour enfant, montre que la simplicité du monde peut suffire, qu’il n’est pas nécessaire de faire rimer, d’être donc dans un discours qui se rapproche de l’artificiel, pour que le monde devienne poétique. Il n’est pas utile de devenir un grand poète reconnu dans le monde entier, il n’est pas utile d’obtenir une place sur le Wall of Fame du bar qu’il fréquente tous les jours : regarder et écouter le monde suffit.
Que ce personnage ait le même nom que la ville dans laquelle il habite peut être interprété comme une extension de la portée du film : Paterson le poète est aussi Paterson la ville ; la ville porte déjà sa poésie en son sein, il suffit de regarder et d’écouter pour la percevoir.


Aller voir Paterson c’est se rappeler que la routine quotidienne apportera son lot de surprises, un rappeur dans une laverie, un chien qui promène son maître, un petit quelque chose qui semble habituel, et pourtant ...

Sams4m
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le 6 janv. 2017

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