Il y a tromperie sur la marchandise et en plus on nous refourgue des acteurs ne valant guère plus que des contrefaçons tombées du cargot, de nuit.


Et, Messieurs, prenez-le pour vous également, porter la barbe ne fait pas de vous un dur. Au mieux vous avez l'air d'un barbu, au pire d'un barbu. Le second de Yan a plus de charisme que lui et le gendarme ventripotent trempé après un bain d'océan aussi.
Le jeune Yan porte beau mais c'est là tout : l'oeil qui frise, la physionomie avenante, on est loin d'un patron tanné par le vent et l'eau salée.


Gaud, mais Gaud quoi, une gourde, qui, pleine d'eau, la déverse sur les ondes quand elle croit Yan perdu pour elle. La meuf monopolise la radio avec ses hululements et son père l'armateur la laisse faire, au calme, alors qu'un de ses bâtiments est en train de couler.


L'histoire saute du coq à l'âne avec une dextérité de chatte qui n'y retrouverait pas ses petits.
Il y a ce gamin qui apparaît de loin en loin, sorte de fil dramatique en trame de l'histoire, comme s'il y avait eu besoin de conter l'histoire de quelqu'un d'autre, une histoire plus commune, mais sans oser y intéresser vraiment le spectateur ; qui après tout n'a d'yeux que pour ceux de Gaud qui les a beaux, bleus tout du moins, et les airs de bravache que se donne Yan.


La souffrance de Gaud n'est pour moi pas perceptible, et ce n'est pas le fait d'avoir complètement chamboulé l'histoire, non, c'est simplement que la jeune femme ne transpire que cette présence douce-amère de fille à papa (douce pour elle, amère pour le spectateur).


Le faux désintéressement de Yan vis à vis de Gaud est bien mieux conté dans le livre de Pierre Loti. On sent ici un effort avec les remarques se voulant détachées que renvoie Yan à son second qui le chambre mais je suis persuadée que si je n'avais pas lu le livre, je serais passée complètement à côté.
C'est bien là un des seuls aspects de l'histoire conservé. Et cette fin millediu, non mais qu'est-ce que c'est que cette fin ? Et on a l'audace de faire référence à l'ami Pierre en début de film...


Il vaut le coup si vous voulez vous plonger dans l'ambiance d'un port de pêche, voir la fille du port et faire une ou deux sorties en mer par gros temps. Si vous voulez (re)trouver l'émotion de l'oeuvre de P. Loti, attrapez le bouquin, ça me fera moins mal.

Carnecruse
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le 26 mars 2015

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Carnecruse

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