"Derrière chaque homme, se cache femme"


Derrière chaque homme, se cache femme



telle fut le commentaire donné par Tom Hank hier soir lors de l'avant première du film Pentagone Papers à l'UGC Normandie (sur les Champs-Elysées). Grâce à @AxelFossier, j'ai en effet eu la chance d'assister à la projection du nouveau film de Steven Spielberg, en sa présence, accompagné de Tom Hanks et de Meryl Streep qui interprète le rôle de Khatarine Graham.
C'est la vie de cette femme qui est mise à l'honneur au travers de ce long métrage inspiré d'une histoire vraie. En effet, à la mort de son mari, Philip, "Kay" se voit en charge du Washington Post, fleuron familial depuis plusieurs générations. En dépit de son pouvoir, elle se retrouve rapidement dans l'ombre du conseil d'administration, composé uniquement d'hommes persuadés qu'une femme est inapte à diriger une entreprise de cette envergure. Elle-même, face à toutes les critiques qui lui sont adressées et en raison du choix de son père de léguer le Post à son mari, un homme, se sent illégitime aux rênes de ce périodique.


Cependant, la découverte d'un rapport classé secret défense remettant en cause le bien-fondé de l'enlisement dans la guerre du Vietnam, la confronte à un dilemme :



  • publier les Pentagone Papers au nom de la liberté de la presse afin de mettre un terme à cette hécatombe injustifiée ou du moins uniquement justifiée par l'orgueil de présidents américains incapables d'accepter une défaite face aux communistes; option qui pourrait porter préjudice au journal (en le menant en justice) et qui nécessiterait de dénoncer les actes de son cercle d'amis les plus proches (composé des familles Kennedy, Johnson, Reagan ou encore de Robert McNamara, secrétaire de la Défense entre 1961 et 1968)

    • OU assurer la prospérité de son journal en restant à l'écart de ces affaires et protéger les secrets de ses amis



En choisissant de publier ce scandale, Khatarine Graham s'est imposée comme une femme d'affaire, capable de prendre une décision, de s'y tenir et de justifier son point de vue malgré la pression exercée par son entourage.


Je salue le choix de Spielberg de traiter ce sujet évoquant une des plus grandes hontes de l'histoire américaine, mais j'admire surtout son angle d'approche : celui de la vie d'une femme intrépide.


Dans une époque tourmentée par les fuites d'informations, les "fake news" et le déclin de la presse écrite supplantée par des lecteurs friands d'informations diffusées et temps réel et donc faisant l'objet d'une analyse moindre,



je suis convaincue qu'il faut réaffirmer l'indispensable liberté de le presse et encourager les journalistes dans leur travail d'investigation.



Cependant, comme pour tout film basé sur des fondements historique, il serait intéressant de lire les mémoires de Katharine Graham et de s'interroger sur le rôle du cinéma dans sa capacité à intervenir dans la sphère politique. En effet, je pense que ce film est intéressant de par son sujet, mais je ne pense pas qu'il soit "engagé" dans le sens où les États-Unis d'Amérique ne cherchent plus à cacher cette affaire, ni même le manque de fiabilité de certains processus de défense des décisions militaires. J'ai d'ailleurs fortement apprécié les arguments présentés lors de la scène au tribunal, interrogeant les enjeux de potentielles révélations.



Quelle est la crédibilité d'un président incapable de protéger des
secrets d'Etats ? À qui porte-t'on préjudice en dénonçant ces actes :
à la société toute entière, à un groupe d'individus, aux soldats sur
le front ?



Toutes ces questions restent d'actualité si on les applique aux autres "Papers" récemment portés à la connaissance du public.


Ainsi, je recommande ce film, à la fois pour les questions qu'il soulève et pour sa



qualité esthétique



puisque j'ai apprécié de nombreux plans présentant les locaux de la rédaction du Washington Post et mettant en valeur ces impressionnantes presses (l'impression numérique n'étant pas encore utilisée dans les années 1970). Les angles de vue sont parfois très surprenants et servent, à mon avis, bien le travail des journalistes.

carlota36
8
Écrit par

Créée

le 14 janv. 2018

Critique lue 1K fois

3 j'aime

carlota36

Écrit par

Critique lue 1K fois

3

D'autres avis sur Pentagon Papers

Pentagon Papers
Sergent_Pepper
4

Boredom of press

Deux grandes figures du cinéma Hollywoodiens, Spielberg et Eastwood, se laissent de plus en plus tenter à la figure balzacienne du romancier historiens : immersion dans une époque, dramatisation,...

le 7 févr. 2018

66 j'aime

11

Pentagon Papers
Sartorious
5

De la complexité au simplisme

Ode à la liberté du quatrième pouvoir, Pentagon Papers relate, à l’heure des fake-news et du mouvement de suspicion généralisé à l’égard de la presse, les trajectoires simultanées d’une femme pour...

le 24 janv. 2018

64 j'aime

3

Pentagon Papers
Velvetman
7

Les heures sombres

Tout juste après Lincoln et Le Pont des Espions, Steven Spielberg continue à mener son combat qui voit se défier l’humain et son aura démocratique face aux autorités. Avec son dernier film Pentagon...

le 24 janv. 2018

57 j'aime

3

Du même critique

Willy 1er
carlota36
4

#cinexperience41

Je n'ai pas aimé ce film que j'ai trouvé par moments long. Ce qui m'a le plus déplu dans le film est le type d'humour un peu kitsch employé (usage d'un diaporama ridicule lors des funérailles du...

le 16 oct. 2016

9 j'aime

La Tortue rouge
carlota36
8

Un petite merveille

L'affiche du film est très bien choisie. En effet, dès la première image, le spectateur est plongé dans une histoire tacite (le film ne comporte pas de dialogue) racontée en dessin et en sons...

le 20 sept. 2016

8 j'aime

Mon nom est Clitoris
carlota36
8

Bel outil pédagogique

Ce documentaire m'a beaucoup plu et touchée car je l'ai trouvé juste que ce soit dans le ton adopté par les protagonistes et dans la variété des sujets évoqués. La sexualité est un des sujets les...

le 19 mai 2020

5 j'aime