Pour la liberté de la presse

Un journaliste en perte de vitesse photocopie les rapports de l’Etat fédéral américain, classés sous le secret défense, qui révèlent que les Présidents successifs sur trente ans ont continué la guerre du Vietnam en sachant pertinemment qu’elle devenait perdue, tout cela pour des raisons idéologiques et de gestion politique intérieure, quelle que soit leur tendance. Ben Bradlee, rédacteur en chef du Washington Post (M. Tom Hanks), souhaite les publier pour relancer les publications de son journal en perte de vitesse, alors que l’un de ses journalistes a eu accès au dossier, pour avoir connu celui qui y a eu accès. Mais la gestion placide de Kat Graham, propriétaire par héritage du périodique, après son père et son mari (Mme Meryl Streep) incitent à la tiédeur face à ce projet aussi ambitieux que risqué.
Le Washington Post se fait ainsi doubler par le New York Times. Or, ce dernier fait l’objet d’une injonction du Procureur fédéral d’arrêter les publications de ce genre. Il se pose la question de continuer la publication de ce rapport sulfureux et compromettant. Le Président Nixon est fou de rage, et MacNamara, ami de Kat Graham, est directement mis en cause pour ses fonctions de Secrétaire à la défense sous Kennedy et Johnson. Les deux personnalités à la tête du périodique, pour le moins différentes, doivent se concerter et converger en vue de régler un cas de conscience, d’autant que la survie du journal est en cause et qu’il vient de réussir son entrée en bourse, qu’une telle polémique peut remettre en cause. Les fins heureuses sont de mise dans ce genre de films, Nixon sort affaibli par une décision de la Cour suprême, avant qu’éclate l’affaire du Watergate, dont la révélation clôt le film.
Le rythme s’en trouve trépidant, la tension crescendo, la trame fort bien menée, comme en a l’habitude le cinéaste émérite, qui vient un peu marcher sur les plates-bandes de M. Oliver Stone. L’interprétation est assurée par deux grands acteurs, à la hauteur de leur réputation. Malgré la relative longueur de l’œuvre, rien ne semble de trop, l’intrigue s’avérant fort bien menée. Les mécanismes institutionnels, tant politiques que judiciaires, et médiatiques sont montrés avec justesse.