People That Are Not Me est le projet de fin d’étude de la jeune réalisatrice israélienne Hadas Ben Aroya. Elle est aussi la productrice, scénariste et l’interprète du rôle principal. À sa grande surprise, le film a connu un succès en festival (en gagnant notamment le prix du Meilleur Film au Festival Mar Del Plata) et une distribution à l’international (sorties prévues en France, Canada, Royaume Uni…) Les critiques françaises sont quant à elles plutôt bonnes, actant le fait que ce travail de fin d’étude est un aboutissement à plusieurs niveaux. Mais d’abord, de quoi s’agit-il ? Quel est ce petit ovni (tant le film que sa réalisatrice) ? À propos de son film, Hadas Ben Aroya explique « Je voulais faire un film sur moi, sur mes amis et ma génération. Je voulais faire un film qui ne soit ni biographique ni pornographique, un film qui serait représentatif de ce que beaucoup de gens de mon âge traversent. »
Joy est une jeune femme qui vient de se séparer d’un garçon qu’elle aime encore, qui se balade dans la rue, enchaîne les “dates”, va en boîte de nuit, parle de sodomie, de littérature et tout ça, sans grand intérêt, excitation ou joie de vivre. Joy est à la fois une actrice et une spectatrice de sa propre vie. Elle est pugnace, entêtée, un peu névrosée, attachante et parfois terriblement agaçante. Pour toutes ces choses, Joy ressemble à une femme « moderne » comme on dit, en quête d’amour dans un monde numérique où il est possible de rencontrer son prochain rendez-vous galant sur une application mobile. Si le sexe est acté, l’amour est un tout autre problème. Elle porte toutes les contradictions de notre génération : l’énergie de la liberté prisonnière de l’individualisme.
Parce qu’il lui est impossible d’aimer et d’être aimé, Joy cherche de la reconnaissance, de l’attention. Si certains aspects du film dérangent, c’est par ce qu’ils nous parlent intimement. La proposition filmique d’Hadas Ben Aroya fonctionne et malgré son sujet « déjà vu » d’une jeunesse perdue, l’exécution est remarquable. Les acteurs et l’ambiance du film sont crédibles, et la prestation/exhibition d’Hadas Ben Aroya se fait sans jugement sur son personnage et ses propos. Il s’agit de montrer un quotidien parmi d’autres, rien de plus. C’est surtout l’exquise scène finale qui fait pardonner les quelques mauvaises impressions que peut laisser le film, entre gène et agacement.

Cinématogrill
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le 26 oct. 2018

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