De nombreux éléments du film - la situation de huis clos, le contexte d’énigme policière, le rapport sado-masochiste des personnages entre eux, les rebondissements en cascade et même la musique - rappellent Le Limier de Mankiewicz, avec de surcroît un acteur commun (Michael Caine). Malheureusement, on constate vite qu’il contient beaucoup moins de virtuosité et d’inventivité. Le scénario propose bien des retournements de situation incessants mais donne parfois l’impression de sonner un peu creux, comme si la virtuosité n’avait d’autre but qu’elle-même. Par ailleurs, les personnages sont loin d’avoir cette épaisseur psychologique que l’on avait pu admirer dans le chef d’œuvre de Mankiewicz et la mise en scène manque parfois un peu d’éclat. Néanmoins, le film est passionnant de bout en bout, magnifiquement interprété (Michael Caine déjà cité mais aussi Christopher Reeves dans un rôle à facettes) et l’on se laisse prendre jusqu'à l’ultime revirement à une intrigue finalement bien ficelée. Avec ce film agréable mais en demi-teinte par rapport à un objectif de départ que l’on devine plus ambitieux, Lumet confirme cependant qu’il est un metteur en scène capable d’aborder tous les registres, ce qui n’est pas donné au premier cinéaste venu.