Vin Diesel dans son meilleur rôle
A l'évocation des « Chroniques de Riddick » beaucoup d'entre nous reconnaîtrons aisément le titre d'un film de science fiction de 2004 mettant en scène la star bodybuildé Vin Diesel au sein d'une guerre inter-galactique très Hollywoodienne. Et pour cause, réalisé par David Twohy les Chroniques de Riddick se révéla être un excellent succès commercial autant que l'explosion d'un acteur déjà très en vue depuis la sortie du premier Fast and Furious. Il est pourtant plus étonnant de voir l'indifférence avec lequel son prédécesseur, Pitch Black, est passé inaperçue au près du Public, français notamment.
Sorti 4 ans plus tôt, Pitch Black raconte la destinée des occupants d'un vaisseau spatial de transport commercial échoué accidentellement sur une planète aride et désertique. A l'aspect inhabité cette terre énigmatique va voir l'avancée de Fry, la séduisante co-pilote, Imam, un musulman et ses trois fils, Paris, l'antiquaire, Jack, l'adolescent, Shazza et Zeke, les géologues et le dangereux prisonnier Richard B.Riddick ainsi que son geôlier, Johns. Une troupe de fortune forcée à l'entraide au sein d'une adversité plus dangereuse qu'elle n'y paraît.
C'est dans ce contexte que démarre le premier volet de ce que sera la futur « saga des Chroniques de Riddick », dont ce premier opus se démarquera d'ailleurs fortement, autant dans ses moyens que dans son ambiance et ses ambitions, réduite à son statut de film indépendant, et toujours réalisé par le réalisateur Américain David Twohy. C'est probablement son titre duvre indépendante qui va valoir à Pitch Black son naufrage commerciale, car à y regarder de plus près le film peut même se targuer d'être meilleur que sa suite très « superproduction ». Bien plus orienté science fiction horreur, Pitch Black est un petit bijou de SF indépendante, avec des moyens relativement réduits (23 millions, pour 110 sur les Chroniques) Twohy réalise un film très artistique, proche d'une uvre d'art, avec une identité visuelle très forte, qui alterne les teintes de couleurs et les filtres graphiques puissants. Arrivée à ce stade de la connaissance du film et de sa tête d'affiche on pourrait penser que le film tourne autour de sa principale vedette : Vin Diesel (qui n'en était d'ailleurs pas encore une à l'époque), mais il n'en est rien, car à la vision de Pitch Black on serait tenté de dire que sa principale attraction reste son décor, la plus magnifique d'entre toute. En effet, au vue de son pauvre casting (pour l'époque), Twohy s'est surtout échigné à donner à son film un fort impact photographique, la reconstitution de cette incroyable planète aux trois soleils permet les panoramas les plus fous : un coucher de soleil bleu, un caniard rouge feu, un désert jaune brûlant. Graham Walker et David Eggby, respectivement chargés des décors et de la photographie ont abattu un travail considérable pour donner vie à cette planète aux multiples facettes et tentés les scènes les plus visuellement impressionnantes. On passe ainsi la première moitié du film dans la lumière absolue avant de passer le reste dans l'obscurité la plus totale, dans ce qui sera sa meilleure partie, la plus horrifique, la plus oppressante, Nyctophobe s'abstenir.
Pitch Black peut être vu comme un survival horror mixé à une SF intergalactique, comme si Scream rencontrait Alien, l'indépendance en plus. Sans y paraître David Twohy parvient à un coup de maître dans le genre, ni trop horreur, ni trop violent, Pitch Black est un régal de mise en ambiance, le cinéaste instaure un climat particulier au service des phobies du spectateur. Le réalisateur empreinte à Stargate, à Alien, à Dune et nous embarque dans une sombre aventure dont se détache clairement son charismatique interprète musclé Vin Diesel, l'acteur Américain trouve ici LE rôle de sa vie (n'en déplaise aux fans de Fast and Furious) et fait étalage de toute sa bestialité, de sa classe, de sa carrure de mâle et de ses réparties cultes prononcées avec une flegme légendaire, s'il devait rester quelque chose de Vin Diesel, ça serait Richard B.Riddick. Il serait par contre injuste de passer le reste du casting, car loin de se centrer sur le seul personnage de Riddick (ce que fera sa suite), Pitch Black choisira plutôt la cohérence d'un groupe. A sa tête : Radha Mitchell (Phone Game), suivront : Cole Hauser (Tigerland), Claudia Black (Stargate SG-1), Keith David (Armaggedon), un casting très bas de gamme emprunté aux séries télés et à de faibles seconds rôles Hollywoodiens, un choix qui n'appauvrit en aucun cas la qualité d'un spectacle certes très série B mais diablement efficace.
Sorti au cinéma aussi vite qu'il n'en est entré, Pitch Black est tout le paradoxe cinématographique de sa réussite en salle, Twohy réussit un angoissant exercice de style visuel à la croisée de deux genres : l'horreur et la science fiction, un mélange fascinant au sein d'une intrigue classique, à la hauteur du budget du film, mais dont on constate deux révélations, et non des moindres : le talent d'acteur de Vin Diesel et celui de réalisation de David Twohy, et c'est déjà pas mal.