Poterie, ou le colosse aux pieds d'argile...

Extrêmement désagréable, cette sensation d'être resté sur le bord de la route.
J'avais tout préparé : téléphone et lumières éteints, éviter de prendre le repas pendant le film, ne pas aller zoner sur Internet.
Bref, installé au calme, tout prêt à m'immerger complètement dans ce que j'estimais être un moment intimiste, un petit peu hors du temps et de la "logique".
Je le sentais trop bien en plus, c'est pour ça que j'ai préféré attendre un soir où j'avais bien le temps, et j'ai repoussé le visionnage plusieurs fois.

Mais je ne suis jamais rentré dedans.

L'histoire est pourtant intéressante.
Un sujet très sensible, dont le traitement est directement influencé par la réaction des protagonistes, à des lieues de ce qu'on imaginerait chez nous.
Cela aurait donc pu donner lieu à une réflexion chez l'européen que je suis, déjà rien que sur ce point.

Les rencontres autour de la poésie revêtent un aspect tellement "documentaire" qu'on peine à s'émouvoir des témoignages, relatant pourtant des histoires tellement personnelles des élèves.
C'est bizarre.

Et puis la passion de cette grand-mère un peu démunie, qui se réfugie en quelque sorte dans la poésie, aurait dû être profondément touchante.
Au lieu de cela, on est agacés par son attitude avec son petit-fils, on a juste envie de secouer ce dernier, la secouer elle.
Je pensais également que viendrait s'immiscer dans ce schéma déjà bien complexe, la maladie, insidieuse, qui rendrait la situation encore plus compliquée pour cette femme seule, confrontée à des problématiques qui la dépassent complètement et qu'elle est de moins en moins capable d'appréhender.
On s'attend à ce qu'elle se trouve en complet décalage avec son environnement, et finalement tout se déroule de façon presque "normale".
C'est très déstabilisant, car au fond assez peu crédible.

Concernant l'actrice principale, là aussi, incompréhension.
Je vois que tout le monde encense sa performance.
Je me suis dit exactement l'inverse durant le film.
Je n'ai pas ressenti d'empathie à son égard, tellement j'étais occupé à la "voir" jouer.
Elle n'a ni l'aisance d'une actrice professionnelle, ni la délicieuse ingénuité, le naturel, la spontanéité d'une débutante. Je ne trouve pas les mots exacts mais en tout cas son attitude m'a beaucoup perturbé. Et pas par l'émotion qu'elle dégage.
On dirait quelqu'un qui est mal à l'aise devant la caméra, et cherche des artifices pour le cacher.

Encore une fois, en toute sincérité, je ne comprends pas.
Tout les paramètres étaient là pour faire une très belle histoire, et une histoire prompte à m'émouvoir voire me faire verser quelques larmes.
Mais je suis totalement passé au travers. Ce n'était pas mauvais, c'était même un film correct à vrai dire mais froid, sans âme.
Il faudra peut-être retenter l'expérience. Là pour le moment je suis juste désappointé.

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le 14 mars 2012

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SeigneurAo

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