Je crois que je l'avais déjà vu à ses premières diffusions télé, certaines séquences me rappellent vaguement quelque chose, notamment les scènes d'action... mais je ne m'en souvenais plus. Bref, il aurait peut-être fallu entretenir la flamme pour que la formule fonctionne sur moi encore aujourd'hui.
Pour résumer, le film n'est pas si mal, il offre même de copieux moments d'action spectaculaire, le rythme et la mise en scène sont comme souvent chez Kathryn Bigelow très bien gérés. Le casting, loin d'aligner ses cinq étoiles, raffle tout de même notre sympathie : la cool attitude des années 90 en somme. Premièrement, le légendaire Keanu Reeves, notre Neo à nous (pas touche). Il joue pourtant comme un anchois, particulièrement salé ici... mais le bougre possède toujours ce charisme iconique de Maître samouraï, cette face monolithique entre beau gosse ténébreux et moineau confus, à la fois jeune premier et badboy : le gars qu'on aime bien. D'ailleurs, il n'est pas étonnant qu'il fasse (malgré lui) son comeback de nos jours, rehypé (oui j'invente des mots) par la saga John Wick. Ensuite, nous avons le danseur, le mouilleur de ses dames : le "grand" Patrick Swayze, très à l'aise dans son rôle de surfer hippy beauf, avachi dans les clichés du "cool" qui lui vont si bien. On saluera également le troisième homme du film, Gary Busey, à la prestance bien épaisse, qui vient souligner une version archétypale du flic hard boiled. Quant à Lori Petty avec ses yeux d'azur et sa coiffure transitant entre deux décennies, elle vient faire la potiche comme plus de la moitié des femmes dans les films de cette période, et c'est bien dommage !
La distribution suffit à elle seule pour apprécier le film. Mais l'on retiendra aussi la réalisation, véritable prouesse d'époque, qui en plus de nous servir des plans cultes, inspirera nombre de films et séries par la suite. Je pense en particulier aux braquages de banque, criants d'authenticité, dont on retrouvera l'énergie plus tard dans des métrages tels que l'immense Heat, le singulier Inside Man ou encore le fameux The Dark Knight de Nolan.
Après toutes ces bonnes choses, j'ajouterai que le surf et sa philosophie à deux balles ne m'ont pas franchement convaincu, le film possède un côté nanar non négligeable qui a du mal à prendre près de trente ans plus tard. La fin, audacieuse, en fait beaucoup trop à mon goût, et même si c'est jouissif visuellement, on a du mal à rester sur les rails. Surtout après les séquences beaucoup plus réalistes et crédibles du restant du film. En reste un polar assez décousu qui a tendance à un peu s'éparpiller dans son dernier tiers...
Malgré cela, les fans d'action surréaliste et les nostalgiques y trouveront leur compte, et puis Keanu qui saute d'un avion !!!