Polisse
7.2
Polisse

Film de Maïwenn (2011)

Pour sûr, j’irais voir le prochain Maïwenn

Il est des films qui vous arrivent comme dans un coup de poing dans la gueule. Par dandysme, je ne voulais pas voir Polisse à sa sortie. Trop de consensus, trop de branchouillerie Canal+, trop d’amis qui ne vont jamais au cinéma, mais qui t’expliquent que c’est le chef d’œuvre de l’année.

Hier, je cherchais un film pour me divertir (sic), pas trop long (il était déjà tard). Tiens Carnage, 76mn, why not ? Sauf que dans ma mémoire éléphantesque résidait une autre information, la péremption des films. Sur Canal à La Demande, les films restent deux ou trois mois, et après, nada. Va jusqu’au bout de la liste, Professore. Ils sont là, les films que tu dois voir en priorité.

Bam.

Polisse. Expire le 21 décembre. Allez, courage… On en regarde une heure, et on regardera la fin demain.

Comme le disait John Ford, il faut mettre la moitié du budget d’un film au début, et l’autre moitié à la fin. Le spectateur entre tout de suite dans l’histoire, et repart sur la meilleure des impressions, qui lui donne envie de revoir votre prochaine œuvre.

C’est exactement le programme de Polisse, qui vous scotche dès les dix premières minutes, s’arrange pour ne pas trop vous lâcher en route, et finit de manière grandiose. Pour sûr, j’irais voir le prochain Maïwenn.

Parfaitement servi par son cinéma-vérité, qui colle ici parfaitement au propos (la vie, la vie, rien que la vie), Polisse va enchaîner les morceaux de bravoure. Mélangeant les horribles témoignages des enfants abusés, les scènes de vie du commissariat (où l’on glande aussi), les vies annexes de la flicaille (anorexie, divorces, cocufiages divers).

Maïwenn souffle le chaud et le froid, alternant, avec un sens parfait du rythme, tragédie et comédie. Son art consommé du montage, qui semble capable de tirer parti de n’importe quel bout de pellicule, ou des multiples improvisations des acteurs. Et quels acteurs ! La Viard, impériale as usual, Marina Foïs, parfaite en vraie-fausse bonne copine de la précédente, Joey Starr, géniale oxymore dans un rôle de flic.

Bien sûr, il y a quelques faiblesses : le chef de brigade est un peu raté (et très mal joué), et le grand chef flic, franchement caricatural. Des choses marchent moins que d’autres : l’amourette Joey Starr-Maïwenn sent un peu le journal intime de la réalisatrice, et Mrs Maïwenn avec son Leica ne ressemble pas vraiment à un photographe embedded.

Mais tout ça ne sont que peccadilles, devant un film qui vous emporte, vous émeut, mais aussi vous fait rire. C’est la grande force du film, que de traiter d’un tel sujet en deux heures, si souvent mal-traité ou expliqué, et, de réussir à en faire le tour. Sans concession, mais pas sans compassion. Aborder les roms ou l’inceste sans se voiler les yeux, mais sans non plus tomber dans les clichés misérabilistes. Ça se passe ici, Paris Capitale de la France, pas à Outreau, et pas dans un bouge, mais dans une famille huppée, ou dans un gymnase, avec des petits blonds, ou des arabes…

J’ai fini le film à une heure du matin, et je n’étais plus fatigué.
ludovico
8
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le 7 déc. 2012

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ludovico

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