Pompoko
7.2
Pompoko

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1994)

Les studios Ghibli oeuvrent une nouvelle fois entre mythe et réalité. Pompoko est l’histoire d’un peuple de Tanukis vivant dans une colline que les humains s’approprient en y construisant des habitations.


Ce n’est pas un film du fer de lance du studio, mais de son acolyte moins célèbre-mais pour autant pas moins doué, Isao Takahata. C’est son 8 ème film, même si chez nous, on en retient principalement un: Le tombeau des Lucioles (et depuis l’an dernier, Le conte de la Princesse Kaguya également).


Je disais que le film s’attaque entre mythe et réalité, mais c’est bien plus que ça, il y a une dualité constante dans l’oeuvre, que ce soit au niveau de la narration qui se sectionne en deux, des genres qui se mélangent, et des niveaux de lectures.


Prenons le mythe et la réalité en premier lieu. Takahata, comme Ghibli le fait très souvent, use de mythes japonais pour remettre au goût du jour les Tanukis, sorte de chien viverrin maîtrisant l’art de la métamorphose. Il les inscrit dans le monde actuel, eux-mêmes disent “Nous étions craints des humains mais nous avons cessé de leur faire des tours et ils nous ont oubliés.”. Ils reviennent ainsi au goût du jour en affrontant les humains et leur urbanisation constante. Le film se déroule à proximité de Tokyo lors de travaux pour créer de nouvelles habitations. Il place des faits mythologiques dans un contexte réel et contemporain.


On alterne ainsi entre rire et tristesse, entre fêtes et dureté du récit. On pourrait couper le film en deux. La première partie serait celle où il pose l’histoire, en nous concentrant sur les Tanukis, qui est une partie où l’humour est omniprésente (et sacrément attachante) et une partie où ils affrontent les problèmes, une partie plus mature et plus terre à terre, puisqu’on parle d’un problème actuel et récurrent.


Nous suivons donc le combat d’un peuple qui se fait envahir, voire pire, que l’on tente d’éradiquer. On leur prend leur terres sans leur donner un autre terrain. Derrière l’écologie et l’urbanisme qui teinte la plupart des films du studio, on trouve également la lutte d’un peuple pour la survie, et c’est peut-être la partie la plus intéressante. On les voit combattre les hommes, sans désirer les tuer puisqu’ils seraient tout autant criminels si c’était le cas. Ils ne sont pas fiers quand ça arrive au début, puis cherchent véritablement à leur faire quitter le territoire, quoi qu’il en coûte, une fois qu’ils se rendent compte que rien ne les arrêtera.


La dernière partie du film, durant laquelle la survie d’un groupe isolé au détriment du reste est abordée est bien plus sombre.


L’onirisme est, comme à chaque fois, omniprésent, surtout vers la fin du film. L’humour est quant à lui, la figure de proue de l’oeuvre. On ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’on voit les Tanukis se transformer la première fois, avec leurs roubignoles apparentes et bien dessinées. Ces fameuses roubignoles qui sont également métamorphosables, on retient qu’elles deviennent tantôt un tapis (“Vous savez sur quoi vous êtes assis les enfants? Mes roubignoles hahaha!”), un bateau, un parachute, une masse de combat et j’en passe des vertes et des pas mures.


Ces fameuses parties génitales sont peut-être le meilleur exemple de la dualité du film; elles sont à la fois intimes et sensibles, mais elles nous font également rire et nous propose un climat léger.


On est surpris à la fin du film lorsqu’on se rend compte que deux heures sont passées tant le rythme et les histoires nous tiennent en haleine. Ce n’est pas le meilleur du studio, ni du réalisateur par ailleurs, mais c’est un film très plaisant qui plaira à petits et grands. Le film qui fait réfléchir sans pour autant vous saper le moral. C’est à la fois la brise en été et le feu de bois en hiver.

Alexy_Didier_We
7
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le 26 nov. 2015

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Alexy_Didier_We

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