Je n’avais pas envie de voir ce film. Et donc tout naturellement je l’ai vu. Pas pour son intérêt cinématographique évidemment mais davantage pour son intérêt linguistique. Pourquoi? Parce qu’en fait ce film est un très bon support pour ce jeu qui consiste à chercher tous les termes péjoratifs pour décrire un film pendant 1h30. Et mine de rien, il y en a beaucoup. Tu as les traditionnels « nul » et « daube ». Tu peux aussi utiliser « atroce », « lamentable », etc... Et tu dérives forcément sur « caca » et ses synonymes à un moment donné. On peut aussi chercher le plus d’insultes disponibles dans notre langue merveilleuse sur ce laps de temps. Ou faire un jeu à boire et avaler un verre cul-sec à chaque fois qu’il vous prend l’envie de dire « Mais qu’est-ce que c’est naze ». Mais ça, c’est un peu plus risqué vu qu’il y a de fortes de chances de tomber dans un coma éthylique. Mais il faut bien s’occuper devant Pourquoi j’ai pas mangé mon père car, croyez-en mon expérience, cette chose viendra tester votre résistance et vos limites mentales.


La critique du bousin est disponible ici même


   Tiens, démarrons cette critique par un petit constat qui pourrait paraître rigolo s’il n’était pas profondément gerbant. On peut remarquer depuis la sortie de l’étron que les Community Managers rattachés à la promotion du film ont fait une descente sur tous les sites ou réseaux sociaux susceptibles d’être vus par des millions de personnes. Prenons l’exemple d’Allociné où la moyenne des spectateurs a atteint une note incroyablement basse de 1.6/5. Sachant que la majorité des utilisateurs de ce site est issue du grand public qui n’aura pas forcément de grosses exigences en termes de qualité cinématographique, on pouvait donc constater que ce film est un carnage complet incapable de plaire à qui que ce soit.
Pour pallier à ça, une multitude de faux comptes ont été créés avec des messages presque similaires du type « on a passé un très bon moment en famille devant ce film drôle et à la morale remarquable ». En une nuit d’ailleurs, la moyenne est passée de 1.6 à 2.2/5 grâce à un petit nettoyage d’avis négatifs complice de la part d’allociné. Tout ça couplé à des notes/avis volontairement boostés pour remonter une moyenne déjà pas glorieuse. Ce trafic de l’opinion publique est quand même très gênant et n’a rien à envier à certaines pratiques qui ont pu être menées dans ces régimes totalitaires que l’on a pu étudier dans nos livres d’Histoire.
Sans compter le fait que la boîte de production quémande carrément sur sa page Facebook que le public du film aille délivrer du 5 étoiles en masse pour le film de Jamel. C’est dire à quel point ils sont désespérés face au bide critique ET commercial que rencontre le film, la fameuse double accréditation qui fait cauchemarder tous les producteurs du monde. Il faut dire qu’avec cette promotion qui dépassait aisément le stade de l’overdose, ils avaient mis les moyens pour que ce soit un succès financier. Et, fort heureusement, ceci est un flop. Pas un fiasco retentissant hélas, mais ça reste un bide. Et ça fait plaisir.
Je n’ai pas pour habitude de me réjouir de l’échec d’un navet puisque je participe moi-même au box-office de ces choses par pur plaisir masochiste et que je me fiche un peu de leurs scores. Mais là je ne dissimule pas ma joie face au flop de ce machin. Je n’ai d’ailleurs même pas donné d’entrée pour ce film, et cela sans télécharger le truc de façon illicite ni même entrer dans le cinéma de façon illégale. Je vous laisse deviner la méthode.
Bref, revenons à nos moutons et énumérons ensemble les quelques qualités que le film possède malgré tout.

FAKE PUTIN KESKON RIGOL


    Voilà, maintenant que c’est fait attaquons-nous à tout ce qui fait de ce film une merde inqualifiable. Déjà, je mets au défi celui ou celle qui n’a pas déjà été irrité pendant les 5 premières minutes du film qui sont déjà un condensé du supplice que vous allez subir tout le long du bidule. Ca hurle tout le temps, l’animation est du même niveau qu’une cinématique de ps2 et l’humour est pathétique. Paie ton cocktail qui testera tes limites nerveuses d’entrée de jeu. Tu as mal au crâne dès le départ et tu peux déjà commencer à chercher des insultes à lancer contre Debbouze et son navet. Au bout d’une heure j’avais déjà tout épuisé en français et en anglais. Du coup j’ai dû continuer en allemand jusqu’à la fin. Et mine de rien, j’en connaissais pas mal.
Non mais sérieusement c’est juste pitoyable quoi, en 20 ans Jamel Debbouze n’a pas évolué sur le plan de l’humour. On retrouve encore une fois ce personnage qui fait des fautes de français volontaires censées faire rire. La première fois ça peut être drôle, quand tu es pré-ado. Mais ça fait 20 ans qu'on a fait le tour du style humoristique de Debbouze qui ne se lasse pourtant pas de ressortir les mêmes ressorts comiques. Et ce film c’est clairement le film de Jamel, avec Jamel, pour la gloire de Jamel.
A aucun moment on ne voit le personnage d’Edouard, on voit juste Jamel Debbouze, le mec qui est le même à la fois au cinéma et sur un plateau de télévision. Et c’est juste super lourd. Au début du film on voit même la séquence qui justifie le fait que le personnage d’Edouard garde une main dans son pagne. Tout ça pour que l’on voit bien qu’il s’agit de Jamel et rien que de Jamel car avec les techniques d'animation, on peut aisément gommer ça. Il me fait penser à ces gens-là qui essaient toujours de se montrer à l’école, au boulot, dans les lieux publics pour qu’on les remarque même si ils sont inintéressants. Le genre d’individus à baffer de toute urgence en somme.
Niveau écriture c’est quand même une belle misère. Les gags se résument à des « trolol je me cogne » ou à des « trolol je tombe », et l’humour verbal à une compilation de fautes de français mêlée à un langage populaire actuel pour faire trop anachronique t'as vu. Mais Chabat a déjà fait ça mon grand. Désespérant. Le mec va quand même claquer sans arrêt un running gag où le pote tend son postérieur et où Jamel répète à chaque fois « non je t’épouillerai pas le ‘uc ». Ça c’est de l’humour finaud dis donc, ça révolutionne le comique verbal, ça enterre Desprogres et Devos une deuxième fois ! DU GENIE ! Et le coup du "Zimzine Zidane"... Mais tu l'as déjà sorti dans H en 1998 sombre abruti! Et je suis certain que tu t'en rends même pas compte que cette vanne est archi réchauffée à tel point qu'elle devient juste indigeste !
Et les personnages sont tellement irritants et vides. Ils hurlent tout le temps, ils sont inintéressants et donc aucun attachement ne peut se créer. Le pompon c’est quand même cet espèce de simili De Funès (mal) animé à partir des mimiques de l’acteur défunt. C’est d’une vulgarité, c’est vraiment déterrer un cadavre pour l’imiter et créer un personnage censé le représenter. Dans le genre moralement discutable, je pense qu’on fait difficilement pire. Puis c’est bon quoi, le mec est mort il y a 30 ans et a tourné dans très peu de films de qualités dans lesquels il a toujours joué le même rôle. Il faudrait peut-être arrêter de le sacraliser un beau jour… On va quand même jusqu’à capter ses mimiques pour les calquer dans un film d’animation merde. C’est du délire ! Et dire que la famille De Funès a accepté ça… Remarque, il faut bien renflouer le compte en banque. Qu’est-ce que c’est moche la cupidité.
Mais le pire dans ce film, c’est que je ne peux même pas critiquer le scénario car il n’y en a pas ! Le film est une accumulation de sketches sans aucun liant, des personnages apparaissent et disparaissent subitement sans aucune cohérence. L’exemple le plus flagrant étant l’ami inséparable du héros que l’on ne voit absolument pas disparaître du récit avant de le voir réapparaître à la fin pour des retrouvailles. Mais rien ne justifiait son départ du récit et on ne l’a pas vu ! C’est dire à quel point tout a été bâclé dans ce film. Pour les péripéties c’est pareil, les mecs partent en plein jour d’un endroit très proche de l’arbre des simiens et arrivent à l’arbre en pleine nuit. Ils ont dû parcourir. Pfiou. 200 mètres?
Jamel a voulu être acteur et réalisateur en même temps. Mais au lieu de devenir Orson Welles, il devra se contenter d’être Ed Wood. Et encore ce serait insulter Ed Wood parce que ses films étaient rigolos eux et avaient quand même des idées et surtout une vraie générosité. Quoique Jamel est généreux dans ce film. Mais uniquement pour flatter sa propre personne...
Allez, petite séquence "Incohérences-dropping" pour le fun. On peut citer le fait que le personnage d'Edouard sache parler bien qu'il ait évolué à l'écart de la civilisation avec un bêta incapable de s'exprimer. On peut aussi citer que tout le bois à un moment est bouffé par des termites mais que les personnages se déplacent tout de même avec des torches en bois sur le plan suivant. On peut également citer qu'un arbre est naturellement bourré d'explosifs. On peut également citer cette scène incroyable où les signes découvrent ébahis leur reflet dans l'eau grâce à une "invention" de Jam... Edouard. Bah oui, ils ont vécu pendant des années mais n'ont jamais vu leur reflet dans l'eau. Continue à nous prendre pour des cons Jamel. Et je passe volontiers sur l'instant musical où les singes découvrent la musique car Jamel a tapé deux fois sur un objet et que ça a produit du son. C'est vraiment un film crétin.
Concernant l’animation, Pourquoi j’ai pas mangé mon père accuse purement et simplement 15 ans de retard. Les expressions du visage sont primaires, la synchronisation labiale est désastreuse. C’est juste hideux. Même les moutons de Shaun the sheep ont des expressions faciales plus réalistes. Et ils sont en pâte à modeler nom d’un chien ! Et bien sûr ce n’est pas le sens de la mise en scène de Debbouze qui va créer quoi que ce soit. Ce film c’est juste rien du tout en terme de comédie pure et encore moins en terme d’intérêt cinématographique. Tu as ouvent cette impression que les personnages sont sur une scène avec un fond vert derrière. C'est d'une pauvreté visuelle hallucinante.
Puis on va te claquer une morale de tolérance et de pardon, blabla… Le tout sans aucune finesse alors que le film aurait pu mille fois jouer sur l’ambiguïté de la nature humaine et ses parts d'ombre. Le récit de base aurait pu donner lieu à un film intéressant qui soulève de vraies questions tout en étant drôle. Mais ce serait demander à Debbouze de réaliser un film intelligent alors qu’il cherchait juste à faire son one-man show animé avec des gags façon peau de banane qui arrivent à peine à décrocher le rire d’un enfant de 8 ans.
Une heure et demie de spectacle affligeant sur absolument tous les plans, Pourquoi j’ai pas mangé mon père est le genre de films détestable de bout en bout. Ce n’est même pas du cinéma quoi, c’est une succession de sketches animés avec un humour désastreux et un fond nauséabond. Rien de plus. Tout ça financé par les copains de la télé pour faire plaisir à un type à l’égo surdimensionné qui a juste besoin de faire parler de lui. Sans oublier le fait que ça pompe ouvertement sur le Roi Lion dans la trame et ça calque même carrément des scènes du Disney. Et ce n'est pas un clin d'oeil.
Ce film n’est même pas un plaisir masochiste car le masochisme implique que l’on ressente une certaine part de plaisir dans la douleur. Et on ne peut pas ressentir de plaisir face à cette chose, c’est physiquement impossible. Un cancer cinématographique à fuir de toute urgence.
Moorhuhn
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le 28 avr. 2015

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Moorhuhn

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