Antoine Cuypers, dont je découvre la réalisation, signe un film intriguant et rondement bien mené. Ce film, dont la promotion resta timide, m'attira par son scénario et sa mise en forme: je n'ai été que rarement été déçu d'un huis-clos, mise en scène que j'affectionne beaucoup.
Dans ce film, on évolue aux côtés d'une famille bourgeoise, disons aisée, qui se réunit pour un repas de famille, tout ce qui a de plus classique en somme. Les parents, la mère qui assume pleinement son rôle de matriarche et le père, plus tolérant mais complètement écrasé par la présence de sa femme. Ces deux caractères aux antipodes se fracassent sur la vision de l'éducation de leur fils Cédric (trentenaire quand même), psychologiquement instable qui ne peut donc pas se débrouiller tout seul, aux dires de sa mère. Bien loin, des soucis provoqués par Cédric, les deux autres enfants ont réussi leurs vies: les deux sont mariés, l'un a un enfant et l'autre en attend un justement. C'est cette nouvelle fracassante qui va faire exploser Cédric qui lâchera alors toute sa rancœur et sa rage.
Le film tourne autour de deux grands axes: le bébé à venir de la sœur de Cédric et le voyage que le fils (Cédric) doit faire avec son père. S'en suive, alors deux visions tout au long du film: la team composé de la mère et de la fille qui estiment que Cédric ne remercie pas assez sa famille pour s'être occupé de lui toutes ces années, et la team du père des deux genres qui ne savent pas vraiment quelles positions adoptées vis-à-vis de Cédric (le mari de la sœur va tenter à plusieurs reprises de se faire bien voir de Cédric sans grand succès, voir échec retentissant.): le dernier frère n'arrivant qu'à la film de l'histoire.
Bref, on attend qu'une seule chose: que ça pète. Le réalisateur prend son temps, pose les bases, introduit les personnages et s'assurent que tout est bien huilé avant de mettre le feu. La narration est claire, on ne se perd pas en route et le film est agréable à regarder. On peut alors être déçu de traitement du dernier frère qui déboule en mode "barbie ken le sauveur" mais on s'en contente. La fin est certes décevante mais les 1h45min passe agréablement bien sans être trop rapide.
Là où le film trouve sa force, c'est dans sa réflexion psychologique. En effet, quel camp soutenir ? Celui de la mère, qui estime que tous les sacrifices méritent d'être décorés ? Le cap du père, qui souhaite mettre tout le monde sur la même échelle ou alors celui de Cédric, qui veut être reconnu comme une personne "normale" ? Dans ce film, tous les camps semblent étalés leurs arguments pour enfin laisser choisir le spectateur.
Très bonne photographie pour conclure.