On a tous besoin de racines, sinon nous sommes voués à errer telles des âmes solitaires qui ne peuvent et ne pourront jamais s'ancrer dans cette réalité subjective qui définit notre sens premier : celui d'exister.
Miyazaki l'a compris et lui même victime d'une guerre qui a détruit 2 villes emblématiques, au Japon, notre réalisateur et Maître archimage nous livre peut être sa création la plus colérique, la plus forte aussi.
Se déroulant dans une époque fin Edo, certainement à la fin du 17e siècle, (apport des armes à feu par les Portugais) le film nous transporte dans une contrée du nord-est d'où notre jeune garçon; Ashitaka est originaire
et débute en trombe, par l'arrivée d'un démon dans le paisible village.
Durant le duel le jeune Prince Parvient à tuer la bête qui est possédée par le Démon, mais touché par celui ci le jeune garçon est atteint d'un mal contre lequel la shamane du village ne peut rien.
Aussi Ashitaka, (comme le veut les coutumes ancestrales) doit quitter son village natal pour tenter de trouver seul, le remède à son mal qui le ronge tous les jours un peu plus.
Son voyage le conduira jusque cette vieille foret qui dit-on abrite l'esprit sylvestre qui pourrait peut être le guérir de cette malédiction.
Seulement entre la foret, et la montagne existe un village dont le seul but est de créer des armes à feu, grace au secret de fabrication de l'acier.
Ainsi, partagé entre son aspect humain, et son instinct animiste, notre jeune prince débarque un peu comme une tierce entité profondément réfléchie et dont la noble lignée lui confère sagesse et courage.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour que Ashikata choisisse son camp. Après avoir entre aperçu Mononoké, jeune fille élevée par une mère louve et ses deux louveteaux.
Le valeureux prince se presse de secourir la jeune sauvageonne certes habile au combat mais impuissante devant la montée en puissance de l'homme et de sa technologie naissante.
Mononoké est un cri de rage.Un moment de révolte de notre créateur de rêves. Il nous délivre une œuvre forte, puissante, et autoritaire où sont exposés ses propres fondements philosophiques.
L'accomplissement de l'humanité au delà de déshumanisation et la perte de racines qu'elle engendre de manière systématique, si celle-ci n'est pas mis en avant et répétée telle un mantra, pour que subsistent les mémoires de ceux qui on fait que ce monde soit encore viable, pour que la Nature soit et reste une matrice qui nous ressource dans notre perpétuelle quête de savoir, de certitudes, et donc d'aveuglement.
Après 4 années de travail, 90 000 celluloïds vérifiés uns à uns, l'utilisation première de l'infographie, le succès incroyable de Mononoké; film au attentes dépassant tous les espoirs, Miyazaki qui avait quitté Ghibli, revient et en prend la direction pour mettre en projet son œuvre la plus aboutie, la plus complexe, la plus chimérique aussi : "Le voyage de Chihiro".
Comme une fois n'est pas coutume, ce coup de sang exprimé par Mr Miyazaki est dirigé par un héro masculin. Coïncidence ? Je ne pense pas, les personnages féminins sont toujours bien campés et souvent moins stupides que les hommes, seul notre prince tire son épingle du jeu, peut être de par sa lignée mais aussi de par sa propre souffrance. Celle d'avoir été déraciné de son peuple, de ses coutumes, ses joies et ses peines mais qui constituent notre histoire et au delà notre identité.
La mémoire est ce qui persiste au delà de la simple pensée et l'histoire est son témoin.
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