Princesse Mononoké
8.4
Princesse Mononoké

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1997)

He is here with us now, telling us, it's time for both of us to live.

Mon premier Miyazaki donc. Et même si je n’avais pas de grands doutes à ce sujet, je sens qu’on va bien s’entendre lui et moi. Ce film est un pur petit bijou. L’histoire, tout d’abord, est magnifique. De par son histoire en elle-même, mais également par les messages qu’elle transmet ou la façon dont les personnages et leurs relations sont construits. Il y a bien sûr la quête d’Ashitaka qui tente de briser la malédiction par laquelle il a été frappée après une scène d’intro sublime. La façon dont il va croiser la route des différents personnages et comment nous, spectateurs, allons apprendre à découvrir qui ils sont réellement au fil de l’histoire. Il y a également ce mélange subtil de japon féodale, de fantastique, de conte, de légende et de croyances qui donnent à l’ensemble une ambiance à la saveur toute particulière et que j’ai beaucoup appréciée du début à la fin.


Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est le point de vue narratif abordé par l’intrigue. Clairement, on suit Ashitika, mais le personnage central est bien évidemment San (la fameuse princesse Mononoké), qui s’avère être un personnage incroyable. À la fois bad-ass et tendre, déterminée et un peu naïve, terrifiante et amicale… Une mosaïque de caractères qui en fait un personnage au final crédible et auquel on finit par s’attacher énormément. Dans un autre genre, j’ai également beaucoup apprécié le personnage de Dame Eboshi, parce que oui, elle se présente comme l’antagoniste, mais ce n’est pas un méchant bête et méchant.


Tout d’abord, il y a ce côté raffiné propre au Japon, puis il y a également ses motivations : nous avons là une femme qui a décidé de prendre les devants pour une cause qu’elle pense juste. On voit aussi qu’elle est profondément humaine : elle fait des erreurs, elle a des doutes et n’est pas mauvaise en soit. Un peu comme Jiko, qui est purement un mercenaire mais n’a pas en soit un mauvais fond (bon, même s’il finit par devenir un peu énervant). Et ainsi desuite avec les autres personnages : on les découvre d’un prime abord par les yeux d’Ashitika, puis on apprend à les connaître et à réaliser qui ils sont.


Comme je l’ai dit, il y a un côté légendaire qui est symbolisé par les créatures peuplant ce film. Je pense bien sûr à Moro, Okkoto et puis bien sûr le Forest Spirit (Esprit de la Forêt je suppose en VF ?). J’ai beaucoup apprécié la façon dont chacun interagit avec l’histoire, comment les deux premiers jouent avec la frontière réalité/légende et comment le dernier incarne ce côté un peu gris qu’aborde les personnages : ni foncièrement bon, ni foncièrement mauvais, juste un peu des deux. Et c’est là un des messages fort du film : le monde n’est pas manichéen, mais est une variante de couleurs.


L’autre message qui a également fait écho en moi, c’est bien sûr tout l’aspect écologique, avec Irontown qui détruit la Nature autour d’elle par l’exploitation industrielle du message ; et comment, en voulant dominer la Nature (en la tuant symboliquement), celle-ci contre-attaque et reprend ses droits. C’est une belle métaphore de la situation actuelle, et j’ai trouvé que c’était non seulement très bien traité, avec cette subtilité dans le message, mais aussi très poétique dans son exécution. Et puis il y a cet aspect où l’Homme empoisonne et pervertit la Nature (symbolisé ici par le fer), et comment cela finit par nous retomber dessus (avec l’histoire de la malédiction), faisant écho au cancer et autres maladies. Il y a aussi le côté de course à l’armement, symbolisé par Dame Eboshi, et même si c’est moins puissant que les autres messages, c’est bien présent.


J’avais été prévenu que ce film était sans doute le plus « différents » des Miyazaki, et des plus sanglants aussi. Alors c’est vrai que y’a pas mal de sang et de la violence graphique, mais vu que les seuls autres anime que j’avais vu jusqu’à présent étaient Ghost in the Shell et Akira, je n’ai pas était si dérangé que ça. Je trouve au contraire que Miyazaki réussit à utiliser cet aspect avec maturité et efficacité pour renforcer les messages de son récit.


Le film ayant été visionné en VO sous-titré anglais, je ne vais pas vraiment m’attarder sur les doubleurs, mais disons que ça fonctionne plutôt bien dans l’ensemble. Techniquement, en revanche, je n’ai pas été déçu. Je savais que Miyazaki faisait des œuvres magnifiques, et je peux enfin le confirmer : Princesse Mononoké est beau, terriblement beau à regarder. Il y a des scènes entières où on oublie presque de suivre l’histoire pour simplement contempler les décors fourmillants de détails, l’animation incroyables des personnages, comment la mise en scène a été conçu pour nous immerger complètement en jouant parfaitement sur la perspective et l’interaction des personnages avec leur environnement.


Et puis il y a ce jeu sur les couleurs que j’ai particulièrement apprécié, et puis bien sûr les graphismes : certes, les humains sont très « japonisés », mais les animaux restent très animaux et ne sont pas antropomorphés dans leurs dessins (le comportement, oui pour certains ; mais je pense à Yakul qui n’est rien d’autre qu’un wapiti/cerf). De plus, l’animation à cette dynamique particulière qui rend le tout crédible et réaliste, et ce travail sur la mise en scène donne vraiment cette impression de parfois regarder un film-live et non film d’animation.


Princesse Mononoké est donc mon premier Miyazaki. Bonne chose ou non, seul l’avenir me le dira. Mais ce premier pied à l’étrier s’est avéré être non seulement une expérience incroyable, mais aussi un excellent moment devant un des meilleurs films d’animation que j’ai pu voir. Hâte d’en découvrir plus.

Créée

le 2 avr. 2017

Critique lue 234 fois

vive_le_ciné

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