Avec les récentes soldes d'hiver chez Wild side, j'ai enfin pu acquérir les films de Dario Argento à très bon prix, l'occasion pour moi de terminer le visionnage de la trilogie animalière du réalisateur.
Trilogie qui, pour rappel, n'était pas prévu par Argento à la base. Après L'oiseau au plumage de cristal, il voulait laisser tomber le giallo et s'essayer à un film proche de Easy rider mais face au succès immense de ce premier film aux États-Unis on lui commanda un deuxième giallo, Le chat à neuf queues qui se classa comme le neuvième meilleur film de l'année en Italie, puis un troisième, le présent Quatre mouches de velours gris.
Comme l'indique l'un des bonus du blu-ray, "le giallo perdu", il était quasiment impossible de voir ce film après son exploitation en salle. En effet, en raison de soucis de droits d'auteur entre les différentes sociétés de production (la Paramount aux États-Unis ou encore la Seda Spettacoli en Italie) et la distribution illégale d'une copie de qualité médiocre, il fallut attendre 2009 pour une ressortie vidéo digne de ce nom. Et effectivement ce nouveau master est de très bonne facture, certaines scènes sont vraiment belles, notamment celle de l'opéra-théâtre au début du film, lieu hautement présent dans les œuvres d'Argento, ou encore les différents plans des bâtiments de la ville qui mixent des images de Rome, Milan et d'autres villes italiennes majeures.
Comme souvent avec Dario Argento, le scénario peut sembler assez moyen, décousu, voir incohérent mais il y a toujours une telle maîtrise de la mise en scène, un tel soucis du détail, que c'est toujours un plaisir de découvrir ses œuvres (du moins jusqu'à Opéra, après c'est moins vrai). La scène du parc


où la bonne du couple trouve la mort


est réussie, la course-poursuite avec le tueur et le décor en lui-même savent se montrer très oppressants. J'aime aussi beaucoup la scène de répétition du début du film où le protagoniste écrase un moustique entre les deux cymbales de sa batterie, le plan sur la poignée de porte du détective, le masque du témoin/tueur, le cauchemar à répétition de Roberto ou encore


la mort de Nina dans sa voiture à la toute fin.


L'humour est très présent dans ce film, aspect qui ne me semble pas tellement présent dans les autres films du réalisateur. Un humour très absurde avec les personnages haut en couleur du détective homosexuel n'ayant jamais réussi à résoudre aucune enquête, du professeur pas très efficace qui se fait payer pourtant cher ses services de surveillance, du facteur qui s'en prend plein la tronche et de l'ami de Roberto, Dieudonné, surnommé Dieu, campé par l’iconique Bud Spencer.
Je trouve également le film moins sanglant et moins "sexy" que d'autres de la filmographie du réalisateur (mais où sont l'hémoglobine ketchup et les nichons bordel ?). Signe que ce dernier se cherche, expérimente, il est entrain de trouver sa patte et de former les prémices d'un Frissons de l'angoisse à venir (1975).
Comme dans les autres films de la trilogie animalière, la musique est signé du maestro Ennio Morricone qui laissera bientôt place aux sonorités inquiétantes et entêtantes de Goblin.
Même si je le trouve moins réussi que L'oiseau au plumage de cristal dont le scénario m’apparaît plus solide, il ressort plein d'éléments intéressants de cette œuvre qui ose d'avantage que les deux films précédents de la trilogie. Et une fois que l'on connaît la révélation de fin, le second visionnage promet une analyse plus poussée de nombreux choix esthétiques et scénaristiques.

Dragichoco
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le 11 févr. 2019

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Dragichoco

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